Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Faire et Agir, l'art du verbe ou la magie de la communication

Publié le 8 Janvier 2020 par KRo

Christine Renon s’est suicidée et ensuite tout a changé.

Nan j’déconne.

Cette directrice qui a mis fin à ses jours dans son école après avoir bien pris soin de laisser des courriers expliquant son geste doit se retourner dans sa tombe, enfin non même pas, elle doit se dire qu’elle avait bien anticipé le fait que rien ne bougerait, hélas.

Alors de la com’ on en a eu hein. Des flots d’emails venus de tous les horizons de notre hiérarchie, du ministre, du DASEN, de l’IEN, des mails par dizaine pour nous dire « les directeurs on vous aime, on vous respecte », ça me fait penser à l’ancienne maîtresse E qui ne voulait pas qu’on bouffe les chats parce qu’on les aiiiimeu nous les chats. Feu Mme CO2, feu.

Donc nous avons reçu pléthore de messages. Toi tu veux plus de temps de décharge pour pouvoir bosser dans ton bureau, plus de reconnaissance hiérarchique, plus d’argent, moins de messages en double ou triple et moins de documents administratifs foireux et se superposant les uns aux autres et eux t’envoient des emails et encore des emails… mais attention hein, des emails réfléchis hein, avec même de la vidéo dedans dis donc. Ben oui parce que quelqu’un quelque part au ministère a dû penser qu’en voyant la gueule de Blanquer ça nous empêcherait d’avoir envie de nous suicider… euh … drôle d’idée quand même, il a plutôt une gueule à vouloir se foutre en l’air qu’à vouloir s’envoyer en l’air, il faut bien le dire … même si question gland, on ne peut pas dire qu’il soit en reste, il faut lui accorder cela.

Et puis dans tout cela il y a eu des annonces. Aaaaaah les annonces … les annonces de ce ministère, ce sont des bonbons, des petits chocolats mais façon crocrottes, la petite bouchée au chocolat qui peut éventuellement te faire envie au départ sur un malentendu, mais qui est en fait vraiment dégueu quand tu l’as dans la bouche parce qu’elle est fourrée d’un truc rose sucré immonde que tu ne sais pas vraiment ce que c’est. 

Alors déjà juste avant la rentrée on avait eu le droit à l’annonce de l’augmentation générale de 300 euros ! Whouhouh ! 300 euros par mois dis donc ces salopiauds d’enseignants ils s’emmerdent pas hein. C’est toujours les mêmes qu’en croquent. 
Bon, il fallait donc comprendre 300 euros de plus par an à partir de 2020, soit 25 euros brut par mois, pas de quoi s’exciter non plus. J’suis bien aise moi en plus parce que cette année mes fils vont avoir 20 ans donc je vais perdre l’avantage de la prime dite de « complément familial de traitement » qui approchait les 180 euros par mois, ne me resteront que les 180 euros de la prime de direction qui diminuera également si on ferme une classe à la rentrée. Chouette ! Je précise parce que le ministre parle souvent des primes des enseignants mais dans le primaire, si on est un simple enseignant dans une école lambda, il n’y en a pas, en dehors du complément familial de traitement. 

Ensuite, dans la même veine (ooooh la veine!), Blanquer a octroyé aux directeurs d’école une journée de décharge de direction supplémentaire. Ouais gros, une journée en plus dans ma semaine pour bosser au bureau, c’est bon ça ! C’est à partir de quand ? C’est pour tous les directeurs ou cela va dépendre du nombre de classes de l’école ? 
Hophophophophop, je t’arrête là jeune fille, tu t’emballes. 
Alors c’est drôle, même des collègues y ont cru. Et en dehors du monde enseignant, on m’a même rapporté que certaines personnes croyaient qu’on allait nous donner une journée de vacances en plus (bon ça n’a aucun sens et on ne l’a jamais demandé, mais c’est drôle de voir les effets de telles annonces, là on est au niveau de « 100 % des gagnants ont tenté leur chance » ou de « fat free » sur les sucettes, ce n’est pas faux, mais on est quand même dans de la belle enculerie.). Là donc, il fallait lire la suite de l’annonce de M. Blanquer qui était : « … entre novembre et décembre ». Sans doute qu’avec ses poteaux du ministère ils se sont dit : 
- Tu vois pas que pendant l’hiver y’en ait plusieurs qui se défenestrent, ça ferait pas du bien à notre image ça avant les fêtes, déjà qu’ils vont devoir encaisser le fait de partir à 64 ans avec 1200 euros de retraite.
- Excuse-moi Jean-Mi mais 1200 euros c’est pour ceux nés avant 1975, pour les autres ce sera plutôt 1000 euros.
- Mmmm
- 1200, 1000 on n’est pas à 200 euros près là, Gilbert, ça fera toujours moins qu’un professeur stagiaire en début de carrière.
- C’est pas faux ça Jean-Phi, mais bon avec tout le merdier qu’ils accumulent dans leur baraques ces cons, ils auront toujours de quoi s’isoler avec des boîtes d’œufs, se faire du mobilier en papier mâché ou brûler des manuels pour se chauffer.
- Ah, ah, Gilbert, quel con, t’es pas le dernier pour la déconne toi !
- Bon alors qu’est-ce qu’on fait ?
- Les gars, j’ai pas que ça à foutre, je suis ministre moi les mecs, j’ai des louches à serrer, des papiers à signer, des vidéos à tourner. On a qu’à leur filer un jour de décharge supplémentaire voilà, comme ça ils nous foutront la paix, j’annonce ça, ensuite Jean-Phi, dans le BO t’écris que ce sera une journée d’ici fin décembre et pis c’est tout putain, ils vont quand même pas tous se jeter du premier étage, merde ! 
- Ah, ah, Jean-Mi, quel con, t’es carrément un vicieux mon pote, putain mais souris pas trop quand tu feras ta vidéo parce qu’ils pourraient mal le prendre quand même, y’en a qui sont un peu fourbes.

Donc voilà, un jour, tu reçois un coup de fil et on te dit que la semaine suivante tu seras en classe un jour de moins. Toi tu as préparé ta semaine déjà évidemment, parce que contrairement à la légende, tu ne te pointes pas le matin avec aucune idée de ce que tu vas bien pouvoir faire faire à tes élèves dans la journée (Ah, tiens, je vais les emmener embrasser des arbres, c’est cool ça, et puis après on se fera un petit mandala suivi d’un coloriage magique sur les tables de multiplication, je dois avoir ça au fond de mon armoire, pop pop pop). Tu prends donc du temps en plus pour revoir tout ça et tout détailler par écrit à l’attention de ton remplaçant, lui expliquer quoi faire et comment le faire, avec quels cahiers, quelles leçons, quels exercices, quels devoirs, histoire qu’il ou elle t’avance dans ton boulot de classe, sinon ben ça te fout juste dans la merde dans ton planning … tu revois ce que tu avais initialement prévu parce que ton projet artistique t’as pas envie que ce soit un autre qui le prenne en main et te fasse une grosse merde, donc tu prévois autre chose, tu décales le restant de ta semaine, tu t’arranges avec les collègues pour avoir une salle, bref, ça t’aura demandé du boulot supplémentaire quoi mais bon allez, t’auras une journée de plus au bureau. C’est cadeau.

Et puis aussi, il y a eu le groupe de parole, pardon, le temps d’échange avec les directeurs. Je vous résume, il s’agit de 2h (oui, ils n’avaient pas tellement envie qu’on s’étale non plus), au cours desquelles on nous a demandé de dire un truc qui va, un truc qui ne va pas et de donner une idée d’amélioration.
Ensuite, l’Inspectrice a lu les messages, a noté des trucs dans un rapport au DASEN parce que c’était ça le plus important, qu’il y ait une trace du fait qu’elle avait bien honoré sa mission de recevoir la parole des directeurs dans le cadre d’un échange clairement formalisé.
Elle a écarté les éléments sur lesquels « de toutes les façons, ça on n’y peut rien » comme le salaire (amusant non?) et la question de la reconnaissance (parce que « ça vous le savez, à mon niveau comme au dessus, nous sommes conscients de l’importance de votre travail ». C'est cela oui.  Mais je ne suis pas objective, moi je suis restée bloquée sur la fois où, fraîchement nommée Inspectrice dans ma circonscription, sans me connaître ni connaître davantage les difficultés auxquelles l’équipe avait dû faire face les 4 années précédentes, alors que j'étais en poste depuis 8 ans, elle m’a dit que je ne faisais pas bien le mien de boulot et que s'il y avait des problèmes années après années alors que les élèves finissent par partir c'est qu’il fallait que je revois mon autorité auprès des parents et des élèves puisque j'étais à l'évidence la seule constante dans l'équation.). 
Elle a reconnu que l’aspect de la gestion de la sécurité et des risques avait fait exploser notre quantité de responsabilités, voilà voilà, elle l’a écrit et puis après chaque directeur est retourné dans son école. 
Ah non, j’allais oublier, elle nous a resservi le fait que les enseignants s’étaient opposés à la proposition du ministre de créer des postes de directeurs « par bassin de collège », alors que ça aurait été « drôlement bien », puisque elle à son niveau elle n’a « pas du tout le temps » d’être le supérieur hiérarchique des enseignants dans les écoles, puisque de toutes façons elle « ne les connaît pas ». La seule chose intelligente dans sa phrase c’était qu’effectivement, elle ne connaît pas les enseignants et ne fait aucun effort pour les connaître depuis qu’elle est arrivée, très clairement, elle s’en bat l’œil. Ce qui l’intéresse c’est de cocher les cases de ses objectifs sachant qu’un bon compte-rendu peut permettre de cocher une case, il n’est pas nécessaire d’agir concrètement, il suffit de bien savoir tourner des phrases. Le mec qui avait tourné le film « Etre et Avoir » dans une école de campagne, il pourrait tourner « Faire et Agir » au ministère à présent. Pour le reste, avant de partir on lui a quand même signifié qu’un directeur supérieur hiérarchique de plusieurs écoles dispersées sur un territoire cela n’avait vraiment aucun sens et que c’était vraiment méconnaître la réalité du terrain, mais bon, elle était en train de finir de taper son rapport alors ça l’a moyennement intéressée. 


Bien, bien, bien, on a bien bossé là je crois, on n’a pas avancé ni sur le statut, ni sur les fonctions, ni sur les difficultés, ni sur les moyens, ni sur … bref, pas d’éventuelles évolutions concrètes en vue … allez, allez, un peu d’enthousiasme, on a tout bien coché les cases du plan de com’, c’est une bonne chose de faite, question réglée. 

Lire la suite

La flippette

Publié le 4 Décembre 2019 par KRo

Le type est magique. Précédemment, je vous ai vanté sa maîtrise de la glande et vraiment, élevée à ce niveau là, c'est un art. Aujourd'hui, il faut que je vous parle de ses capacités relationnelles.

Déjà, j'avais oublié de vous dire que l'an dernier (enfin l'année scolaire dernière), après s'être beaucoup concerté avec lui-même, il, le maître spécialisé G donc, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, avait fini par m'envoyer un message le 16 ou le 17 juillet pour me dire que cette fois, il était bien décidé à prendre dès septembre (dès septembre vous dis-je, faut pas déconner hein, on y croit on y va), un élève qu'on lui avait signalé depuis des mois, depuis le début de l'année scolaire même. Engagement total du gars quoi, prise de décision qui en impose et tout. Bon, le seul problème c'est que je lui avais indiqué en mai que le gamin déménageait donc ne serait plus là à la rentrée. Moi j'ai lu son message et je l'ai trouvé extraordinaire. J'ai même ri. C'est beau quand même la glande comme ça portée à son paroxysme. C'est pas commun quoi. On ne voit pas ça tous les jours ...

En même temps c'est bien qu'on ne voie pas tous les jours parce que c'est splendide mais ça irrite ... vraiment ... vraiment ça irrite.

Il y a 3 semaines, je lui annonce qu'un des 3 gamins qu'il prend le mercredi matin ne sera plus disponible. Alors, 3 est apparemment son chiffre porte-bonheur, hein, au delà c'est trop, par contre en deçà c'est bien aussi si je comprends bien et toujours un par un aussi pas les 3 ensemble parce que les groupes ... non... les groupes c'est non. Les gosses qu'il voit ont des problèmes relationnels, des problèmes de gestion de leur putain de Moi surdimensionnés qui les empêchent d'être en capacité de vivre normalement en société ou en groupe-classe comme on dit chez nous mais non non non, il se refuse à faire des petits groupes de travail sur les habiletés sociales, il les reçoit un par un et les écoute parler d'eux et de leur nombril, ce qu'ils adorent faire parce qu'ils adorent qu'un adulte ne s'occupe que d'eux tout seul. Et du coup, il les trouve bien lui. Il ne voit pas le problème, mais continue à les recevoir, dans le doute. Donc nous, les enseignants qui avons la chance d'être débarrassés d'un gamin pénible pendant 30 ou 40 minutes on est bien contents mais on sait bien aussi que ça ne fait pas avancer le schmilblick. 

Donc, je lui ai annoncé il y a déjà 3 semaines qu'un des 3 élus ne serait plus là le mercredi matin parce que son emploi du temps a été allégé (ça c'est pour dire qu'on a supplié des gens pour qu'ils gardent un peu le gamin loin de l'école parce que de toutes façons à l'école il ne fait rien qui a à voir avec l'école, sauf si monter sur les murs, s'accrocher au grillage, courir dans les couloirs, se cacher dans les armoires, taper sur les autres, gueuler, hurler, tout déchirer et bien entendu ne pas travailler du tout, rien, nada, que tchi ... est censé faire partie de ce qu'un enfant doit faire à l'école évidemment).

Il y a 3 semaines, j'ai dit.

Et bien le gars ça fait déjà 3 semaines qu'il se concerte. Il se concerte, il hésite, il s'interroge, il se rassemble ... mais en tous les cas, il n'a toujours pas pris de nouvel élève en séance. Je pense qu'il va arriver à tenir jusqu'aux prochaines vacances, il est fort, très fort.

Alors il est venu observer dans une classe. Normalement observer ça signifie être discret dans un coin pour voir comment le ou les gosses se comportent, mais là non. Lui il n'est pas discret, il parle aux gamins et fait chier,  pendant la moitié de la matinée, l'enseignante qui tente de faire classe. Elle a bien fait de lui remplir une fiche détaillée des problèmes rencontrés celle-là parce que là elle se tape l'observateur et ensuite en fin de matinée, il va revenir la voir pour lui reposer des questions dont les réponses sont sur la fiche qu'elle lui a déjà donnée. L'autre jour j'ai regardé un reportage sur Arte sur la torture à Guantanamo et bien il en parlait de ça! Les mecs peuvent avouer s' être fait exploser dans un avion le 11 septembre après une matinée pareille, c'est très efficace! 

Bon donc il a observé. Et puis la semaine suivante et il re-observé. AAAAAAHHHH au secours! Mais c'est de l'acharnement!

Et ce matin, oui ce matin, il aurait pu commencer à prendre un nouvel élève, MAIS NON! Ce matin il s'est dit qu'il allait plutôt recevoir des parents sur le temps scolaire. Eh oui, c'est une riche idée ça, tu fais venir les parents pendant que les enfants sont dans l'école comme ça tu peux pas t'occuper d'un d'entre eux. Et puis après l'école, les parents eux pourraient être là mais les gamins c'est sûr, ils n'y seront plus! Fort! Encore une victoire de glandasse!

Alors comme il recevait des parents, je lui ai filé des invitations à leur remettre pour une réunion. Tant qu'à faire, autant leur donner en main propre et leur expliquer à quoi sert une réunion d'équipe éducative, tout ça, tout ça.

WO HO HO. Il est devenu blême. Face de cul.

- Ah bon mais c'est moi qui doit leur expliquer alors?

- Ben oui, c'est pas compliqué, de toutes façons c'est juste une réunion pour faire le point (c'est pas non plus une citation à comparaître).  

- Euh ... mais ça a été discuté par la maîtresse? ("Discuté" ça signifie "expliqué" en langage de prof, c'est comme "questionné" qui veut dire "réfléchi", c'est comme ça, on aime bien employer des mots de manière louche pour faire flipper les gens nous, on est comme ça à l'Education Nationale. C'est un peu comme "Forget about it" pour les mafieux de New York, ça ne veut pas toujours dire "oublie", Johnny Depp l'explique bien dans Donnie Brasco. Faut être affranchi pour comprendre.)

- Ecoute, elle les a vus en rendez-vous y'a pas longtemps, elle a peut-être évoqué qu'il y aurait une réunion à venir.

- Hah, ah oui oui, elle l'a peut-être déjà évoqué alors ...

Il se chiait dessus le gars. Le mec à 2 invitations à donner à des parents pour les convier à une réunion au cours de laquelle on va tout simplement parler des difficultés de leur enfant et de ce qui peut être fait pour l'aider et t'as l'impression qu'on lui demande d'aller désarmer un gars qui porte une veste d'explosifs. 

Je l'ai laissé dans sa merde ... j'avais des trucs à faire.

Lire la suite

What else?

Publié le 24 Novembre 2019 par KRo

Il y a la maman qui laisse un message pour dire que son gamin à un rendez-vous médical l'après-midi, qu'elle a oublié d'écrire un mot sur le cahier de liaison de son fils mais aimerait que nous, on la rappelle pour lui confirmer qu'on a bien eu son message.  Ce genre de message c'est ma secrétaire qui s'en charge. Moi je suis en classe toute la journée ce jour là, ce n'est pas un scoop, je le dis même sur le répondeur de l'école, donc je ne vais pas la rappeler hein. Mais ma secrétaire, quelle feignasse celle là, elle ne l'a pas rappelée la dame, alors j'ai eu le droit à 3 autres messages de plus en plus énervés parce que la dame n'avait pas que ça à faire. En même temps, si elle veut venir le chercher son fils, elle vient et puis voilà, on ne va pas l'empêcher de le prendre, c'est son fils. Au pire, la classe est en sport et ma secrétaire l'en informera quand la dame sonnerie au portail, les installations sportives sont à 5 minutes à pied, elle pourra toujours aller l'y chercher. Mais ma secrétaire, quelle nulle ... ah ben non au fait, je n'ai pas de secrétaire.

Il y a la maman qui nous demande si on peut encaisser le chèque des photos scolaires en différé (oui!), qui nous fait passer les bons de commandes pour ses enfants sans chèque (ah?), qui explique que c'est son mari qui a le chéquier et que promis promis elle nous fait passer le chèque lundi alors que les commandes étaient à rendre au plus tard vendredi, et qui le lundi suivant finalement me donne un billet de 10 euros et me dit que son mari a oublié de lui laisser son chéquier en partant au travail alors finalement elle ne va prendre qu'une partie de la commande (elle me prend pour un pompiste elle, vous m'en mettrez pour 10 euros!).

Il y a la maman qui téléphone pour savoir comment faire pour avoir la copie des bulletins de l'an dernier de son fils mais qui ne donne pas de nom. Je finis par comprendre qu'il ne s'agit pas d'un ancien élève mais bien d'un élève toujours dans l'école et lui dit qu'il suffit qu'elle en fasse la demande à l'enseignante dans le cahier de liaison. Je fais passer l'info à la collègue qui entre temps a eu le papa au téléphone parce que le gamin est absent sans qu'on ne sache pourquoi donc elle a été obligée d'appeler la famille et le papa lui a demandé aussi la copie des bulletins. Nous sommes donc 2 à leur avoir dit aussi que les copies seraient faites dès que possible et mises dans le cahier du gamin. En plein après-midi le père se pointe pour venir les chercher, je suis en classe et donc je suis obligée de lui expliquer qu'il va falloir être patient parce que la maîtresse de son fils elle aussi est en classe, donc elle fera les photocopies quand elle n'y sera plus. Il était étonné le gars. Comment ça il n'y a pas de service de reproduction rapide dans cette école? Et les gens du secrétariat alors, qu'est-ce qu'ils foutent de leurs journées, je veux dire à part répondre au téléphone de temps en temps et ne même pas rappeler, et expliquer des trucs à travers l'interphone du portail?

Il y a le papa d'un gamin de Maternelle qui sonne à mon portail et voudrait que le lui ouvre pour qu'il passe par mes locaux pour aller chercher son gamin dans l'école d'à côté parce qu'il a sonné et que la secrétaire de ma collègue de Maternelle est tout aussi nulle que la mienne, même pas elle répond au premier coup de sonnette. Moi je suis en réunion, je ne vais pas ouvrir à un inconnu puis l'accompagner à travers tous les locaux jusqu'à la bonne classe de Maternelle alors qu'il lui suffit d'être patient et de sonner à nouveau à côté! Oui mais je suis sorti du boulot exprès plus tôt moi et ça répond pas! Et bien réessayez monsieur (moi aussi je travaille voyez-vous, je suis occupée là)! Mais qu'est-ce que ça vous coûte de me laisser entrer? Mais enfin, Vigipirate bordel de merde, ça vous parle?!

Et puis jeudi après-midi il y a eu le papa de Léven (ainsi prénommé m'a-t-il expliqué, parce que sa mère avait beaucoup aimé le film avec George Clooney et Brad Pitt, "Ochéeun et Léven", mais si mais si, véridique) qui a décidé de passer 15 minutes avant la sortie des classes pour récupérer le vélo qui traînait sous l'abri à vélo depuis juin. Oui, là d'un coup, il a trouvé qu'il était urgent de venir le chercher et que ça ne pouvait pas attendre l'heure de la sortie, donc ce monsieur bien comme il faut dont je vous avais déjà parlé a sonné mais ce n'est pas moi qui, exceptionnellement cette fois là, avait le combiné de l'interphone et ma collègue n'a pas entendu ou pas répondu assez vite alors il a été s'adresser aux collègues de la Maternelle qui étaient dans leur cour de récréation. Moi je lui aurais dit de patienter 15 min, mais là, il y en a une qui a voulue être sympa (faut pas, faut pas être sympa dans ce genre de situation, les gens sont des piranhas, ils te bouffent), alors elle est venue jusque dans ma classe pour me demander si je reconnaissais ce monsieur et si elle pouvait le laisser récupérer le vélo tout ça alors que j'étais en pleine séance d'histoire. Sans déconner, le gars avait attendu 4 mois pour récupérer le vélo mais ne pouvait attendre 15 minutes de plus.

C'est sans fin ... C'est pourquoi je pense que vous me comprendrez si je vous dis que les gens me font chier.

Lire la suite

Tapabilité

Publié le 17 Octobre 2019 par KRo

Tapabilité : 1. Capacité hypothétique à se faire taper. 2. Aptitude manifeste à donner envie aux autres de le taper.

La tapabilité, c'est l'argument ultime des parents qui sont venus chercher des poux dans la tête de la directrice et qui n'ont pas gagné. Le truc lancé quand la conversation se termine et qu'ils n'ont pas obtenu gain de cause alors qu'ils étaient dans leur bon droit. Par exemple, ils voulaient qu'on leur ouvre la porte à eux, même s'ils sont en retard régulièrement (" ... mais j'habite loin madame et il y a des travaux sur la route et le policier municipal ne veut pas que je me gare sur le passage piéton alors que j'ai un fourgon, c'est pas facile à garer..."), ou alors ils aimeraient bien qu'on lynche le gamin qui a fait un doigt d'honneur à leur rejeton mais en revanche lui trouvent mille excuses pour ne pas faire plus d'effort sur son éducation ("il est de fin d'année", "il est complexé par sa taille", "il doit être en hypoglycémie", "il est Asperger", "il est hyper sensible", "il ne supporte pas l'injustice") et du coup le môme est odieux 5 jours sur 5 et 24h par semaine (oui parce que lui on ne le prend pas en aide pédagogique complémentaire même s'il s'avère qu'il est con comme son slip, parce que non, ni nous ni les autres ne sommes en capacité de le supporter ne serait-ce qu'une minute de plus).

Donc en fin de conversation, quand les parents réalisent qu'ils pensaient régler ça vite fait ("J'vais lui parler moi à la directrice et on va voir ce qu'on va voir") et qu'en fait ils repartent broucouilles, certains ont une sorte de réflexe de survie pour éviter la décompensation psychotique et pouvoir partir fiers voire même un peu hautains. Ils lancent "et en plus, il se fait taper" ou "et ça recommence ... il se fait taper" l'air de vous asséner que vous êtes une incapable, et qu'ils ont bien eu raison de venir se plaindre parce que votre école est vraiment très mal gérée puisque chouchou se faire clairement harceler depuis des mois, voire des années, et que vous ne faites rien ou en tous les cas rien de très efficace "hhun, hun, uhm" (son qui accompagne leur petit air suffisant et qui est la traduction adulte de "nananananère").

C'est la tapabilité. La probabilité que toute personne (enfin surtout chouchou) puisse un jour se prendre un coup. Pas forcément un gros coup de poing dans la gueule, non non, la possibilité de se faire pousser dans la cour, de prendre un coup de coude par un voisin qui joue, de tomber en courant, de trouer son pantalon, d'avoir un bleu ... Et ça c'est imparable, tu peux le balancer, comme ça à brûle-pourpoint, même si jamais après enquête on te démontre qu'en fait ton gosse est un chieur et qu'on se demande comment il ne prend pas plus de mandales de la part des autres, c'est un fait, il sera revenu à la maison au moins un soir avec une réponse positive à ta question : "Alors, est-ce qu'on t'a embêté à l'école aujourd'hui?".

Après ... il y a l'autre versant de la tapabilité qui est cette faculté incroyable que certains enfants ont à pousser les autres, et notamment leurs enseignants successifs, à avoir envie de les taper. Exemple illustrant la définition : La maîtresse montre une capacité étonnante à rester sereine face à l'importante tapabilité de Mathéo.

Moi je crois que les parents devraient plutôt se soucier du second sens de la tapabilité avant de l'invoquer à tout bout de champ.

Lire la suite

Afficher plus d'articles