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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Apostille

Publié le 29 Juillet 2014 par KRo

Allez petite animation en ce milieu d'été, je vais vous raconter une vieille histoire:

J'avais des CM1-CM2 et une fois par semaine, je leur demandais de me proposer des mots qui leur étaient inconnus, lus dans des bouquins, entendus à la radio, la télé, dans les conversations etc... je les notais au tableau à la volée jusqu'à en obtenir une douzaine et ensuite par binôme, les gamins cherchaient les définitions dans le dico et les lisaient, on les expliquait tout ça, tout ça, histoire d'enrichir leur vocabulaire passif et actif. BIEN.

Ce matin là, on démarre, des gamins me proposent d'abord 1 ou 2 mots que j'écarte parce que trop conceptuels, comme "évanescence", ou trop spécifiques, genre "catalpa" le mot que je peux expliquer rapidement et qu'il n'est pas vital qu'ils retiennent là maintenant tout de suite parce que ça ne fait pas vraiment avancer leur schmilblick... ensuite je note au tableau les suivants, parmi ces mots une gamine me soumet "apostille", bon je ne savais pas exactement ce que c'était à l'époque, depuis c'est gravé à vie dans ma tête vous allez comprendre pourquoi, donc je le note et commence à m'interroger en mon for intérieur sur la signification de ce mot en essayant de faire des rapprochements: postillon? apostolique? ...
Et là, dans la foulée, un petit gamin blond, un auquel on donnerait comme on dit le bon dieu sans confession, me dit "onanisme", moi toute à mon apostille, que la gamine m'a dicté "apostile", je le note au tableau, rien ne me fait tilt, je suis en pleine gamberge sur le contexte d'utilisation du mot apostille (oui alors depuis je demande aux gamins de me donner la phrase complète dans laquelle ils ont entendu le mot, on apprend de ses erreurs n'est-ce pas!), bref, là je suis dans les histoires de papes et je m'interroge intérieurement sur l'aspect laïque du mot pendant que mon double maléfique a écrit en gros au tableau onanisme entre apostille et hypothermie ... PAS BIEN.

Allez, c'est parti, les 12 mots sont écrits au tableau (c'était le bon temps où je n'avais que 24 élèves), ils commencent à chercher, 3 groupes me signalent que leurs mots ne sont pas disponibles dans leurs dicos pour enfants de primaire, je leur dis de chercher dans le mien ... tout le monde est au boulot, les méninges s'échauffent, situation pédagogique approchant la perfection, SERENITE.

Tout le monde est prêt, on commence à lire les définitions et là, ceux qui avaient à chercher "onanisme" commencent à me lire un truc genre "... personnage de la Bible ...", c'est à ce moment là que CLING la pièce coincée est enfin tombée dans le réceptacle de mon entendement, je me suis levée d'un bond (oui oui pendant que mes chers élèves réfléchissaient, je m'étais payée le luxe de m'asseoir à mon bureau avec la satisfaction du devoir s'accomplissant) et j'ai attrapé mon dictionnaire, PANIQUE :

"- Bon, euh... celui-là les enfants, on ne va pas le mettre dans la liste."

Etonnement dans l'assistance ... soupçon de curiosité évidemment ...

"- Euh... celui-là je ne suis pas sûre que vos parents seraient contents de le voir dans la liste des mots à connaître ..."

Curiosité renforcée, demandes d'explications ("Mais maîtresse, j'ai pas compris mOa?"), Kévin au 3ème rang sur la droite se dit que c'est NOW, que c'est le moment ou jamais d'écouter une définition, que s'il ne doit en retenir qu'une, ce sera celle là, moi j'en suis à me demander comment on en est arrivé là et surtout comment ressortir de ce traquenard (toi la petite tête blonde, je m'en vais "te fumer derrière les cyprès", comme chantait I AM), bref, au final je me suis dit que si j'en restais là, ce serait pire, que certains allaient forcément en parler à leur parents, alors j'ai lâché, j'ai déposé les armes et caché ma contrition derrière une sorte de détachement, tel le médecin qui te donne, limite blasé, le nom médical du bidule purulent que tu as sur la jambe, et j'ai dit :

"- Ça veut dire jouer avec son zizi!"

Et là, horreur et stupéfaction chez les petites filles (peu de réactions chez les garçons en revanche, pas trop traumatisés eux apparemment ...)

C'est alors que j'ai vu Camille, au 4ème rang dans la rangée du milieu bien face à moi, ouvrir des yeux immenses et faire une tête terrible, on aurait dit que je venais de lui annoncer que quelqu'un avait été torturé, c'était effrayant, elle se tenait la tête avec sa main gauche et avait la bouche légèrement ouverte par l'angoisse qui la rendait muette ... terrifiant!

Et puis, juste derrière, au 5ème rang, Anne-Liesse (dont la famille est très très pieuse, mais pieuse vraiment, façon polonaise), les deux mains sur les joues façon Maman j'ai raté l'avion, ayant perdu 10 cm de taille tellement son cou s'était rétracté dans ses épaules, tentant de disparaître devant l'innommable situation ...

Alors Vanessa, dégoûtée et avec un ton presque suppliant, a pris la parole :

"- Mais QUI a donné ce MOT ?!"

J'ai eu envie d'éclater de rire mais sur le coup j'ai dit :

"- Bon, allez, on efface, un autre mot, vite.

- Tatillon.

- Ok, tatillon, c'est très bien ça, tatillon, allez ce groupe, cherchez-le."

Du coup les 2 gars à qui j'avais pris le dictionnaire ont pu eux aussi chercher un mot parce qu'ils avaient du coup été un peu frustrés et tout est rentré dans l'ordre.

Et sinon, pour ceux que ça titille, une apostille, c'est une note dans la marge d'un texte.

Signé : Maître Cappelo

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Il faut qu'on parle de Kévin

Publié le 27 Juillet 2014 par KRo

Allez, c'est l'heure de ma chronique littéraire estivale.

Tout ça parce que la semaine dernière j'ai lu ce bouquin "Il faut qu'on parle de Kévin" de Lionel Shriver, roman qu'est sorti en France il y a quasiment 10 ans mais moi je l'ai lu là alors je m'extasie évidemment, comme si j'avais moi-même découvert un futur auteur prometteur, bref ...

Déjà, truc bizarre, Lionel est une fille, bon c'est sûr qu'avec un prénom pareil t'as envie d'écrire des romans qui font flipper hein pour te venger un peu du monde, mais sinon ce que je voulais dire c'est que ce roman, il est TERRIBLE! Dans tous les sens du terme.

Bref, j'ai vu le film qui en a été tiré il y a peu, à la télé, du coup j'ai lu ce bouquin la semaine dernière tranquillou au camping, ben je le recommande. Par contre c'est vraiment angoissant comme truc, même que ça m'a fait repenser à certains élèves, comme le bien nommé the perv et aussi j'ai fait un ou deux cauchemars avec des parents violents dedans, et puis dès fois aussi, je posais mon bouquin et je me disais que j'allais aller à la plage et plutôt lire les conseils beauté ou cuisine d'un magazine histoire de me changer les idées, mais à part ça, vachement bien le bouquin, on y croit, on y est, j'ai adoré!

Donc si vous voulez vous pourrir un peu votre été parce que la vie est trop belle, lisez-le.

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Disponibilité

Publié le 3 Juillet 2014 par KRo

Mardi, une mère d'élève de CP m'appelle au bureau pour prendre rendez-vous parce qu'elle veut me dire que son fils a quelques problèmes de comportement et qu'il a besoin d'être cadré au moins comme cette année et qu'elle voudrait qu'on y fasse attention quand on fera la répartition des élèves dans les classes.

Moi je me dis qu'attendre le 1er juillet pour s'inquiéter de ça c'est qu'il ne doit pas y avoir de caractère d'urgence, hein, d'autant que son fils, la maîtresse a remarqué toute seule qu'il était chiant et l'a réparti dans une classe en conséquence.
Et sachant que je serai en classe les 3 prochains jours, c'est abuser quand même un petit peu de me demander un rendez-vous puisqu' obligatoirement ce sera sur mon temps perso mais je lui propose un rendez-vous quand même jeudi soir, ça ne lui convient pas, alors je propose jeudi midi (parce que vendredi faut pas pousser quand même, d'autant que je sais d'avance que ce qu'elle a à me dire 1) je m'en fous, c'est pas sur ce genre de requête qu'on fait les classes; 2) les classes, elles sont déjà quasiment faites, je veux dire on est le 1er juillet et c'est officiellement mon dernier jour de bureau, donc le gros du taf est fait; 3) elle vient de me le dire donc je ne vois pas vraiment à quoi va servir un rendez-vous, on n'a rien à se dire de plus, j'ai pas besoin qu'on me dise 2 fois les choses en général). Le jeudi midi, elle me dit que ce sera son mari qui viendra, très bien je le case après un rendez-vous pour une inscription à 12h30.

Ce midi, à 12h30 donc, le gars se pointe, moi je suis aux 400 coups j'ai plein de trucs à faire, je le fais entrer :

- C'est le rush de la sortie?

- Non, c'est souvent comme ça vous savez!

Là, il commence à me dire exactement ce que sa femme m'a dit au téléphone 2 jours plus tôt. Moi je prends mon cahier pour noter histoire de me donner l'air concernée. Lui, en face de moi, s'installe d'un coup en arrière sur son fauteuil, les bras en l'air derrière la tête, les pattes écartées, à l'aise blaise quoi.

Moi, correctement assise, je dis "oui, oui, d'accord c'est noté " et puis "ici je n'ai que des enseignants qui cadrent les élèves vous savez" et encore "oui, mmmhh, oui" et finalement voyant qu'il s'incruste, genre on va passer notre pause de midi ensemble, on a qu'à partager nos bâtonnets de surimi, on n'est pas bien là? décontractés du gland ... j'ajoute "Bon mais en fait votre femme m'avait déjà dit tout ça par téléphone l'autre jour hein", et là le gars me répond, en me faisant en plus son sourire de beau gosse, tête légèrement penchée, toutes dents dehors :

- Ouiiiiiii mais moi je préfère dire les choses en face à face et puis comme vous étiez disponible...

MAIS MAIS, il ne fait même pas exprès de se foutre de ma gueule ce con!

Bon je l'ai raccompagné, il m'a refait son sourire de tête à claques et il est parti.

Epilogue : Ce soir, vers 17h30/18h, sa femme m'a rappelée pour me dire que son mari ne m'avait pas tout dit de ce qu'il était censé me dire parce qu'elle voulait ajouter qu'elle n'était pas "contre les devoirs" (ouououh ça ça me fait une belle jambe, t'as bien fait d'appeler) et aussi elle a dit qu'elle m'appelait pour me dire qu'elle voulait dire merci à la maîtresse pour cette année (moi j'ai pensé "ben t'as qu'à lui dire alors, tu lui mets un petit mot dans le cahier de liaison et puis voilà, pourquoi tu me dis ça à moi, je suis pas concierge de luxe") et en vrai j'ai dit "Très bien, c'est noté, merci, au revoir".

C'était vraiment très intéressant!

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Payée à rien foutre

Publié le 2 Juillet 2014 par KRo

Je n'ai rien dit dans la vraie vie parce que je tente de m'éviter un burn out à l'heure actuelle, je tente de survivre jusqu'à vendredi où l'inaltérable tube de Sheila viendra finir de liquéfier mon cerveau "la cloche a sonné ça signifie, la rue est à nous que la joie vienne, mais oui mais oui l'école est finie", mais borldelche de merlde, en attendant, faut que je l'écrive!

La nouvelle, enfin la future nouvelle collègue de la rentrée, elle était en congé parental jusqu'à lundi, du coup, ne voyant pas revenir d'affectation pour juillet elle a demandé à venir dans notre école puisqu'elle y sera à partir de septembre, PARFAIT. Bonne initiative et à l'inspection pour une fois qu'ils font du premier coup un truc qui n'est pas en dépit du bon sens, on va pas se plaindre!

Alors lundi, la veille de son premier jour, elle me dit qu'elle arrivera en retard parce qu'elle doit voir l'enseignante de sa fille aînée le lendemain matin. Moi j'ai beau me dire qu'elle a eu genre les 6, 12 ou 18 derniers mois pour le faire, je me dis : "Ma fille, ferme ta gueule, après tout tu t'en fous, tu comptais pas spécialement sur elle jusqu'à il y a 5 min, tu seras sa supérieure administrative que dans 2 mois, tu fermes ta gueule et pis c'est tout!".

Le lendemain, mardi, elle se pointe donc 20 ou 30 minutes après que la cloche de Sheila ait sonné l'entrée en classe, j'ai pas fait de relevé exact hein, je bossais moi madame, j'ai pas que ça à foutre de noter les arrivées des gens. Bon elle rencontre un peu les collègues, découvre l'école, se fait des photocops, fait sa vie quoi, et puis 20 minutes avant la fin de la matinée, elle vient me voir pour me dire qu'elle s'en va et que l'après-midi elle ne reviendra pas parce que "tu comprends j'ai laissé ma fille à mes parents, c'est la première fois que je la laisse". AH BEN NON NON JE COMPRENDS PAS NON.

Non vraiment je ne comprends pas, elle est payée comme tout le monde, elle a des horaires minimum à faire comme tout le monde, et si tu te fais chier parce que t'as rien de planifié à faire ben tu te trouves des trucs à faire, tu prépares ta rentrée, tu proposes ton aide aux collègues pour de la lecture, tu accompagnes en sport pour animer un groupe, tu proposes de ranger le placard des séries de livres qui mériterait bien un petit toilettage, enfin je sais pas quoi, t'as pas 14 ans, t'es pas stagiaire de troisième, tu touches un vrai salaire, alors tu te bouges le cul et si tu veux pas te le bouger ben tu as au moins la décence de te faire chier discrètement en salle des maîtres et tu peux même y faire le café.

Je comprends pas, moi j'ai été malade 1 journée en novembre ou décembre, ça doit m'arriver à peu près une fois toutes les morts d’évêque, donc pas souvent, on m'a retiré une journée de salaire, boum, t'es en train de crever au fond de ton lit, d'habitude t'es toujours là, qu'il neige, qu'il vente, que tu sois au bord de la dépression ou que t'es dormi 6h en 2 jours, t'es là et là l’administration te punit en t'enlevant un jour de salaire mais en revanche tu viens bosser quand ça te chante sous prétexte que bon le service qui gère les affectations s'est pas vraiment occupé de ton cas parce qu'un retour le 1er juillet ça tombe en plein pendant l'immense bazar qu'est la gestion du second mouvement (c'est à dire des affectations pour la rentrée) et là non, ça ne perturbe personne. L'administration est revenue je crois en janvier sur l'histoire du jour de carence, c'est déjà ça, peut-être qu'un jour elle se posera d'autres bonnes questions.

Voilà et ce matin elle est arrivée aussi très en retard puisque moi j'étais déjà partie en sport avec ma classe et je ne l'ai pas vue arriver et puis 30 minutes avant la sortie, (là j'étais en classe donc j'ai regardé la pendule au mur juste au bon moment) elle est venue me dire qu'elle partait, qu'elle serait là jeudi mais peut-être pas vendredi. AH BEN OUI, POURQUOI J'Y AI PAS PENSE MOI, j'ai de la route à faire en plus ce weekend, je devrais me barrer vendredi plutôt que de venir à l'école, RICHE IDEE!

Quand je pense que ma collègue Nuelle, l'administration la fait chier depuis 1 mois parce que sa directrice (c'est pas moi) n'avait d'abord pas envoyé son justificatif d'absence pour enfant malade puis parce que celui-ci s'est ensuite perdu dans le courrier, on la menace de lui enlever une journée de salaire alors qu'elle, elle a tout bien fait comme il faut, mais l'autre là, la nouvelle, elle aura été payée 4 jours alors qu'elle aura bossé à peine 2. Ça m'énerve, je pense à toutes les heures sup faites le soir et le weekend et je me dis que les mots "conscience professionnelle" n'ont pas le même sens pour tout le monde, voire même peut-être aucun sens du tout pour certains.

Bon, elle commence pas bien bien sa course celle-là, va falloir qu'elle rame dans le bon sens à la rentrée (mes chers collègues vont encore me taxer d'intolérance et me dire que je ne suis pas accueillante mais punaise, si je gère un centre d'insertion sociale faut me le dire, moi j'ai pas signé pour ça... ). A suivre, ça se trouve elle sera super chouette comme collègue et on mettra ça sur le compte de ...
Ben de je ne sais pas quoi en fait, j'ai que les mots "fainéantise" et "je-m'en-foutisme" qui me viennent pour le moment mais c'est sans doute parce que je suis vraiment trop psychorigide. Si jamais on devient copine je lui demanderai sur le compte de quoi il fallait le mettre, ce sera plus simple.

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