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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Coprolalie

Publié le 19 Septembre 2018

Devinez-quoi?! On a un élève qui a été diagnostiqué comme ayant le syndrome de Gilles de la Tourette. Forcément, ça, c'est le cas qui nous manquait, quand je l'ai su, le jour de la rentrée à 8h30, je me suis dit en mon for intérieur que ça ne pouvait que nous arriver à nous. Construite sur un cimetière indien cette école, je vous dis!

Nous on avait bien remarqué que cet enfant avait énormément de tics envahissants il y a déjà 2 ou 3 ans et on avait alerté la famille mais bon ... finalement un pédiatre quelque part s'est étonné que le diagnostic n'ait pas été posé plus tôt par les médecins habituels du gamin car là, il l'a bien bien développé. 

Alors ... soyons justes, sur le coup, je me suis dit que ça allait être un festival de gros mots et me suis tout de suite égoïstement réjouie qu'il ne soit pas dans ma classe (ouh que c'est laid, eh, eh, eh), mais en fait pour le moment il ne fait pas trop de crises de coprolalie.

La coprolalie? Mais ça existe en vrai ça? Et bien oui et contrairement à l'étymologie du mot qui pour moi signifie très clairement "dire de la merde", des gens érudits parlent d'une "tendance morbide à utiliser des mots orduriers et scatologiques".

Ça nous donne quoi ça? Un truc du genre " ENCULE, ENCULE, ENCUL, ENC, EN, En, en .... aarrgh, pfff " jusqu'à son dernier souffle? Ah non! ça, se serait une tendance MORTELLE à utiliser des mots orduriers et scatologiques, faut pas confondre!

Ça signifie donc quand même bien "dire de la merde". Et ça, moi je vous dis qu'il n'y a pas besoin d'être de la Tourette pour le faire. Ma nouvelle inspectrice par exemple, croisée 3 fois dont 2 minutes seulement en tête à tête, est venue me voir hier pour m'expliquer que s'il y avait des problèmes dans mon école depuis plus de 4 ans, il fallait que je me remette en question. Les enfants passent, donc ce n'est pas eux le problème (ben si quand même, quand ceux qui passent devraient faire l'objet de soins et de structures adaptés ainsi que de mesures sociales,quand même un peu non? J'y suis pour rien si c'est le défilé dans cette école!). "Et dites bien à l'équipe que je crois beaucoup en elle". A ben flûte, qui qui qui nous reste? "Il faut réassurer votre autorité auprès des élèves et des parents! Il faut savoir dire stop!" m'a-t-elle sorti. Et elle m'a imposé un rendez-vous en urgence pour me dire ça! Si c'est pas d'la merde?!?

Alors là c'était énorme. Jamais de ma vie, j'aurais pensé qu'on puisse me reprocher mon manque d'autorité. Ça m'a scotchée parce que je ne m'y attendais pas à celle-là. Mais c'est une de mes principales qualités (défauts?) d'être autoritaire! Improbable! Le coup de bambou!

Elle n'a pas aimé qu'une mère d'élève ayant assisté à une scène au cours de laquelle 2 gamins s'en prenaient physiquement à une enseignante dans la cour, ait été clamer son inquiétude à l'inspection. Et elle n'a pas aimé que le même jour, j'appelle à l'aide les conseillères péda fraîchement nommées comme elle pour gérer un autre gamin. Elle a occulté qu'il s'agit de 3 gosses pour lesquels nous avons fait moult signalements et en a conclu que j'étais trop nulle pour gérer ma petite école tranquille qui accueille un public "qui n'est pas de REP non plus, ça va!".

On est d'accord, sur le coup j'ai trouvé que c'était hyper dégueulasse ce qu'elle venait de me faire mais maintenant que j'ai passé une bonne nuit de 4h de sommeil tourmenté, j'y vois bien plus clair, mon diagnostic est limpide : coprolalie!

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I don't give a shit

Publié le 9 Septembre 2018 par KRo

- J'ai téléphoné à l'Inspection parce que mon fils veut pas boire, tu comprends il veut pas se nourrir et ...

- ???

- … alors tu vois, comme moi j'suis à 80 %, tu vois (tu vois, tu vois, je m'approche de toi, tu vois là) ...

- (Eh, eh, cette fois tu me parles et je suis derrière mon bureau, tu ne peux pas t'approcher d'avantage. En attendant, je ne sais pas de quoi tu me parles.) 

-  ... parce qu'en fait il refuse la séparation tu vois, nan mais là, il a pris 10 M-L, tu vois...

- ... (10 quoi? mais de quoi elle me parle. Ah! Ok! Euh, ben non, je ne vois plus, 10 mL de lait je ne sais plus si c'est bien, beaucoup ou pas assez en fait, pour les miens j'en serai plutôt à me poser la question de 10 cL, 10 dL ou 10 L de bière, et je ne sais même pas combien de mois il a ton rejeton.)

- ... alors j'ai demandé à l'inspection si je pouvais commencer l'année sans APC, tu vois ...

- (OK, je viens de comprendre, tu ne dois faire que 80% du temps d'aide personnalisée et donc tu voulais savoir si tu pouvais commencer ton année par les 20% où tu peux rentrer chez toi pour nourrir ton gosse. Tu peux pas le dire clairement plutôt que d'entrer dans mon bureau en commençant par me raconter tes problèmes d'allaitement?). T'aurais pu me le demander, on s'en fiche en fait, du moment que tu fais tes 80% sur l'année.

- Ouais, c'est ce qu'elle m'a dit la secrétaire mais tu vois ...

- (Ah ben non, là c'est toi qui vois, tu vois qu'il suffisait de me poser la question) et si tu as des élèves qui ont besoin d'APC en première période et bien t'essayes de voir avec les collègues si quelqu'un peut les prendre.

- OK, j'vais appeler Sophie.

Et quand Sophie a eu Mylène au téléphone, elle a cru qu'on lui faisait une blague téléphonique parce qu'au début, la Mylène a commencé par quelques minutes d'explications sur les problèmes d'adaptation à la crèche de son petit et son refus de se nourrir correctement et la question concernant la prise en charge des élèves en difficulté en français n'est venu que dans un second temps.

Et puis sinon, un peu plus tard, Mylène s'est mise à pleurer en salle des maîtres parce que le fait que son fils ne mange pas la rendait triste et moi la pleureuse je n'ai pu que constater que j'en avais vraiment mais vraiment rien à faire. C'est moche! 

 

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Ma classe

Publié le 8 Septembre 2018 par KRo

Mardi matin tout en passant des consignes, j'ai jeté un coup d'œil circulaire sur ma classe, il y a : 

Le gosse qui arrive d'Algérie et ne comprend pas tout, le pauvre. Et moi, vu que mon arabe se limite à peu près à chouïa, bezef, kif-kif, walou et zebda, je ne vais pas pouvoir faire grand chose sur ce plan là.

A côté, un gros bébé, tiens je ne serai pas étonnée qu'il porte encore des couches en CM2, lui.

Ensuite, Evan, dont le père concède en réunion qu'il est "chiant" mais ne comprend pas où il a pu apprendre tous les mots grossiers qu'il dit, comme par exemple : "Suce ma bite, c'est gratuit!" (C'est vrai que si c'était payant en plus, ça aurait été pire!)

Un autre gamin à côté, qui ne fait que commenter ce qui se passe et que j'ai, en même pas 2 jours de classe, déjà menacé d'aller visiter le couloir 3 fois.

Ah tiens derrière ces 2 là, deux garçons qui ont l'air sympa et encore derrière, 2 filles gentilles aussi mais en difficultés scolaires.

Ensuite on passe à un gamin pénible, une tête à claques, avec parents procéduriers, puis un bavard qui gesticule et un autre qui a l'air de s'en foutre mais bon, peut-être n'en a-t-il que l'air.

Devant eux, un garçon gentil mais à la masse et son voisin qui veut toujours répondre à tout sans forcément laisser de place aux autres et qui dessine sur son cahier pendant que je donne des consignes. 

Ensuite il y a une gamine qui semble avoir mis les doigts dans la prise vu à quel point elle bouge tout le temps, une autre dont la mère est un fléau pour l'humanité tellement elle est bête et puis une petite qui a l'air si blasée ... elle semble au bout de sa vie la môme, l'adolescence va être une période enchanteresse pour ses parents je pense.

Tout devant, j'ai Jean qui lit son roman pendant que je parle et Noé qui vient ostensiblement de s'enfoncer deux bouchons dans les oreilles (à ce moment là de mon tour d'horizon, j'ai envie de me marrer mais je me dis qu'il faut faire preuve d'abnégation dans ce métier et savoir enterrer son égo sous les problèmes de comportement d'un enfant qui a des troubles autistiques, du moment qu'il finit par suivre mes consignes ...).

Mon regard continue sa course et se pose sur Chahynez qui un jour m'avait posé les 2 mains sur mes 2 seins pour me dire bonjour quand elle était en CE1.

Derrière elle, il y a une gamine timide mais à l'écoute et une autre très timide et très en difficulté.

Puis encore derrière, il y a une AVS sympa assise à côté de l'enfant qu'elle accompagne, Luc, qui ne peut s'empêcher de me serrer très fort contre lui dès que je suis à proximité. Quand il n'était pas dans ma classe, je ne le croisais que de temps à autres dans les couloirs, ça pouvait aller, mais là ça va devenir problématique. En plus, quand je lui fais remarquer que le câlin a été assez long à mon goût, il fait exprès de me serrer la taille encore plus fort, franchement ce n'est pas agréable, je ne sais pas si je ne suis pas en train d'essayer de faire classe à Emile Louis moi dis donc.

Ensuite, il y a Lola qui lorsqu'elle était en CE1, m'avait dit qu'elle avait "sucé la bite à son papa dans la douche". Bon, après enquête de gendarmerie, apparemment rien n'était vrai, mais autant vous dire que c'est la première fois que j'ai vraiment pleuré pour une élève. 

A côté, il y a la sœur d'Anton dont j'ai déjà parlé de nombreuses fois et qui est enfin parti en 6ème mais dont les parents ont déjà pris soin de m'écrire pour me demander de changer l'organisation des récréations parce qu'elle ne convenait pas à leur descendance.

Et pour finir, 2 filles qui ont l'air sympa mais qu'il va falloir que je surveille parce que je sais que l'une des deux au moins a d'assez grosses difficultés scolaires.

Voilà, j'ai fait le tour, allez, en voiture Simone, PNC à vos portes, nous allons décoller pour une année scolaire. Mais qui vois-je arriver? J'allais l'oublier dis donc, en inclusion, en arrivée directe de l'ULIS, voici Aldo qui pour le moment ne semble pas me tenir rigueur d'avoir dû, en juin dernier le plaquer au sol (après qu'en pleine crise de colère, impossible à raisonner, il m'a donné un coup de pied) et dû plus ou moins m'asseoir sur lui pour l'immobiliser. C'est plutôt positif!

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C'est reparti pour un tour

Publié le 8 Septembre 2018 par KRo

Commençons par le jour de la pré-rentrée : 

Ma nouvelle stagiaire m'a demandé quels étaient les horaires approximatifs pour venir travailler le jour de la pré-rentrée, ça m'a bien fait marrer étant moi-même ce que l'on peut qualifier d'approximativement très psycho-rigide notamment en ce qui concerne les horaires de boulot.

J'ai eu des nouvelles de Bruce Tout Pourri, avant même la rentrée donc, il a réussi à faire enrager sa nouvelle directrice parce qu'il a cru bon, ce con, de faire le point sur l'ensemble des élèves de sa classe avec la responsable des parents d'élèves élus qu'il "connaît très bien". En quelques heures seulement donc, il a chié sur la déontologie, le secret professionnel, et a clairement démontré qu'il ne faisait toujours pas la différence entre être un adulte, un parent, et être enseignant dans une école. Pas la même fonction, pas le même regard, pas les mêmes objectifs ou préoccupations, pas les mêmes domaines de compétences ... encore faut-il en avoir.

J'ai appris que non seulement la nouvelle enseignante spécialisée E devrait partager son temps entre 35 écoles mais qu'elle était à mi-temps. Apparemment ce n'est pas choquant dans ce cas là de ne pas compléter le poste avec un autre mi-temps. Bon ...

Comme je le craignais en juin dernier, l'enseignante nommée sur le poste de mon ULIS est effectivement malade. Là encore, l'administration a bien réfléchi et s'est dit que ce serait une bonne idée de la mettre sur un poste à temps plein dans une classe facile comme une ULIS! La mettre en doublon pour ne pas trop perturber les gamins (handicapés hein, je le rappelle) quand elle n'est pas là, la mettre sur le poste d'enseignante spécialisée E qu'elle avait demandé, lui permettre d'être en arrêt maladie plus d'une semaine renouvelable jusqu'à ce que nous en crevions tous, non tout ça est trop complexe pour être pensé. Bref, on a une remplaçante, pas formée, qui n'avait pas spécialement envie d'être là mais qui heureusement pour nous, fait de son mieux malgré tout. Pourvu qu'elle tienne!

Les collègues qui ont déballé leurs commandes ce jour-là, n'ont pas cru bon de faire savoir que dans leurs cartons il y avait des reliquats d'autres commandes, dont une clef USB à mon nom avec tout un manuel de science à projeter d'une valeur de 200 euros. Maintenant je guette, si j'en vois une tenter de brancher un tampax sur son ordi, je saurai où est passée cette clef USB.

Quand vers 18h45 ce soir là, je suis sortie pour afficher les listes des classes, j'ai eu la surprise de voir tout un groupe de personnes qui attendaient devant le portail, comme si j'arrivais avec les résultats du bac. J'ai dit bonjour, eu très peu de "bonjour" en retour et même vu des gens qui faisaient la gueule parce qu'ils trouvaient, sans doute, qu'ils avaient suffisamment attendu. J'ai ouvert mon panneau vitré, commencé à afficher avec l'aide de 2 gamins qui tenaient mes feuilles et mes aimants et senti derrière moi les gamins s'approcher et puis d'un coup, je me suis retrouvée complètement assaillie, j'ai même entendu un type, juste derrière moi, je veux dire à 5 cm de mon arrière-train, dire à sa fille : "Attends, je ne vois pas, y'a la dame qui gène!". Punaise, mais la dame c'est moi, la directrice, et je te dis merde, je suis là depuis 7h30, j'ai à peine mangé, les listes t'as tout le weekend pour venir les voir, j'ai jamais rien signé de mon sang disant qu'elles seraient affichées à 16h00 et là t'as le droit de t'écarter un peu et de me laisser 5 minutes pour les afficher et refermer mon panneau. Et puis tu peux aussi me dire "Merci madame et à lundi" quand je m'en vais.

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