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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Mylène

Publié le 30 Septembre 2017 par KRo

Je vais vous parler de Mylène, une nouvelle collègue qui est juste insupportable. Avant toute chose, je voudrais dire que Mylène est sans doute une bonne enseignante, elle a l'air de faire tout bien les bonnes méthodes avec des fiches autocorrectives et des plans individualisés et tout le toutim mais bon ... elle me saoule. Et c'n'est pas rien de le dire. Et d'ailleurs, bim je balance, je ne suis pas la seule dans l'équipe à penser de la sorte.

Ça fait à peine un mois que je la côtoie et déjà quand je la vois, je pars en crabe et je change de direction. A tel point que si un jour je devais me retrouver dans la même pièce que Mylène et le maître G, je ne saurai plus vers où fuir et je risque de courir en rond jusqu'à l'épuisement comme un chat pourri qui aurait une gousse d'ail dans le derrière.

Déjà Mylène ce n'est pas quelqu'un avec qui on peut avoir une conversation comme ça au cours de laquelle chacun donne son avis, un échange quoi. Non pas possible, Mylène est de la race des gens qui ne te parle pas mais qui t'enseigne. Tout le temps!
Mylène c'est la meuf qu'est capable de te donner la formule de l'huître pendant le repas du réveillon. Elle n'a pas une discussion avec toi, elle t'instruit. Tout le temps!
Elle professe. Elle t'indique LA bonne méthode, SA façon de faire, je dirais même plus, sa façon trop maligne de faire. Parce que Mylène est très très contente d'elle-même et aime à le diffuser. Elle te parle toujours en avançant le cou vers toi, légèrement par en dessous, un peu comme une tortue, en plissant à moitié une paupière en un espèce de clin d’œil légèrement espiègle, parce qu'elle se sent toujours assez rigolote de surcroît. Donc quel que soit le sujet, Mylène t'enseigne comment elle, elle fait les choses trop bien.

Et attention, si elle est de l'autre côté de la table déjà tu te demandes si elle va pas monter à quatre pattes dessus ("Paul, une Tourtel!") tellement elle se penche vers son auditoire, mais quand elle se trouve à côté, c'est effrayant : elle vient se coller à 20 cm de toi et se contorsionne de façon à coller son oreille vers ton menton par en dessous puis après avoir frisé de l’œil en ta direction (mais qu'est-ce qu'elle a celle-là, qu'est-ce qu'elle me veut?), elle se met à te parler tout près, bien trop près.

En conséquence, quand elle parle, mon cerveau se met automatiquement en mode brouillage :
- Ce matin, Anisse est sorti de la classe parce qu'il était contrarié alors moi j'ai ...
"Mais pourquoi elle avance le cou comme ça? tu crois qu'elle a une langue comme un caméléon, genre en un quart de seconde, elle va choper une mouche sur le mur derrière toi?"
- ... et du coup (clin d’œil super complice et petit rire coquin), là moi j'ai dis...
"Mais à qui elle parle là exactement? Oh et pis elle glousse, rhoooo naaannn..."
- ... et alors là tu vois (petit bruit d'autoapprobation du type "Hhin" légèrement mutin) moi du coup j'ai ...
"Roh mais ta gueule! Jamais tu t'arrêtes de parler, c'est dingue ça! De toutes façons je n'ai rien écouté, j'attends que tu reprennes ton souffle pour essayer dans placer une, clore cette conversation et partir en courant."

Oui, invariablement, dans un élan de préservation primaire, mon esprit s'évade. Inévitablement. Je n'arrive pas à suivre une seule conversation en entier, et pourtant j'ai vraiment essayé de m'y astreindre, mais rien à faire.
C'est problématique.
Enfin, je suppose.
Mouais, nan, je m'en fous en fait.

Et puis ce qui me fatigue aussi c'est qu'avec elle, tout est toujours exceptionnel. Elle qui n'a pourtant de cesse de répéter qu'elle a tout vu, tout vécu, vu qu'elle, elle arrive d'une école de REP + , tu vois (tu vois ou pas? J'suis assez proche de toi là pour que tu perçoives ma grande expérience professionnelle ou pas?), le moindre petit rien insignifiant devient une affaire. Et Mylène est la reine du teasing! Ça fait déjà plusieurs fois que le matin, au moment où je la croise qui monte en classe, elle me dit : 
- Il s'est passé un truc ce matin, faudra que je t'en parle!
Et en fait à la récré, elle me révèle ... rien d'intéressant, ni de drôle. La désolation.
Et on est que fin septembre. J'ai hâte de vivre encore tant d'aventures à ses côtés. Twuuuurrrt! (bruit de moi qui souffle dans une langue de belle-mère pour fêter ça!)

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Catalogue

Publié le 25 Septembre 2017 par KRo

A l'école, les classes sont inscrites au prix littéraire des incorruptibles. Chaque classe reçoit une série d'environ 6 livres que les élèves se font passer et lisent tout au long de l'année et puis au mois de mai, ils votent pour leur préféré.

Or c'est ma nouvelle mi-temps qui enseigne aux élèves la littérature (oui je crois que je suis condamnée à revivre chaque année la même chose, chaque année devoir partager ma classe avec un stagiaire, chaque année, réexpliquer tout, comment fonctionne une école, comment s'adresser aux parents, aux élèves, les rituels, les mots dans les cahiers, les corrections de cahiers, les trucs à ne pas faire, la paperasse, les obligations de service ... etc, etc ... aucune évolution possible à l'horizon, aucune joie de se dire "Ah ben maintenant que les bases sont installées on va pourvoir bosser correctement" puisqu'à chaque fois en septembre, je dois tout reprendre à zéro). Donc, c'est elle qui a expliqué aux élèves le concept et a distribué les livres aux premiers intéressés.

Ce matin, des enfants me ramènent des livres lus, je les redistribue aussitôt aux suivants et puis un gamin s'approche de mon bureau et me tend un truc :

- Pourquoi tu me donnes ça? dis-je étonnée.
- Ben c'est la maîtresse (l'autre) qui me l'a donné.
- Euh ... mais pourquoi elle t'a donné ça?
- Mais si je t'assure, elle me l'a donné, ça fait partie des incos.
- Oui, oui, je te crois, je suis sûre que c'est bien elle qui te l'a donné mais bon ...

Punaise, elle lui a filé le catalogue! 

Le catalogue! Le fascicule avec à l'intérieur différents bouquins, classés par éditeur, par auteur, avec des photos des 1ères de couv et des textes de présentation des livres. Non mais quand même! Sans déconner! Elle n'a même pas pris la peine d'ouvrir le truc. Qu'elle n'ait pas envie de lire tous les bouquins avant de les donner aux élèves, d'accord, mais enfin tu t'intéresses un minimum, tu jettes un œil pour savoir de quoi ça parle!

Et même si tu jettes pas un œil, UN CATALOGUE bon sang, y'a pas de nom d'auteur sur la couverture, pas de 4ème de couverture avec un petit texte, c'est pas des indices ça?

On va encore dire que je n'aime pas les débutants voire que je n'aime personne, mais bon ... on est d'accord là quand même, elle n'est peut-être pas con con mais c'est vachement bien imité!

Heureusement qu'une de mes collègues blagueuses n'avait pas glissé au milieu de la sélection de bouquins, un catalogue Ikea ou pire un catalogue des offres promotionnelle de Sexy Center. Avec son emballage discret, impossible de se douter qu'à l'intérieur on peut trouver leur nouvelle gamme de déguisements d'infirmières sexy ou de poufs à bite, on aurait été bien là!

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La référente de scolarité

Publié le 24 Septembre 2017 par KRo

La référente de scolarité? mais qu'est-ce c'est doudou dis donc?

Un weekend, au petit déj, je racontais ma réunion de la veille à mon mari quand il m'a posé cette question (enfin non, il m'a dit "Ça sert à quoi?" et, bien qu'il soit barbu, il n'était pas du tout affublé d'une chemise à fleurs comme le regretté Carlos, le chanteur, pas le terroriste, le terroriste il ne donnait pas du tout envie de se mettre à jouer des maracas avec un bandana dans les cheveux, bon le chanteur non plus me direz-vous, mais enfin bref, vous avez compris auquel je faisais allusion).
J'avoue qu'en essayant de lui répondre, je me suis rendue compte qu'au delà de ce que je pense personnellement (oui voyez-vous je me méfie de moi-même), cette fonction n'a pas grand intérêt.

Normalement, l'enseignant référent de scolarité s'occupe de tous les enfants scolarisés avec un handicap reconnu dans son secteur. Ah c'est bien ça, ça signifie qu'il/elle les rencontre, les connaît, les suit pendant toute leur scolarité, rencontre leurs parents, les aide avec la paperasse ou au moins en leur indiquant les actes à accomplir pour bien préparer leurs dossiers pour la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), répond à leurs questions, leurs inquiétudes, suit l'avancée des dossiers, fait le lien avec les enseignants et le cas échéant, les différentes écoles.

Et bien NON, PAS DU TOUT! C'est une personne qui rassemble les dossiers des enfants handicapés scolarisés dans les écoles et collèges classiques et qui, une fois par an, organise une réunion avec le personnel de l'éducation nationale (enseignant, directeur, des fois psy et des fois médecin), le personnel de soin et les parents et en note le compte-rendu. 

Voilà c'est tout! Elle ne voit JAMAIS les enfants, ne connaît pas les problématiques familiales, ne répond jamais au téléphone et rarement aux messages laissés ou emailés, ni même ne lit les réponses aux questions qu'elle envoie par email, ne sait pas présenter les différentes structures adaptées ou structure de soins existantes ni expliquer les différences entre elles. Elle ne sait jamais où en sont les dossiers non plus ou alors après qu'on a obtenu l'info par ailleurs.

Depuis que je suis directrice, j'ai travaillé avec une version vieille peau revêche de la référente de scolarité, qui en plus était désagréable avec les parents des élèves handicapés. Et depuis 2 ou 3 ans, j'ai à faire à une gentille mais molle, molle, molle à mourir. Tension au max à -6 et sous tranquillisant, j'imagine. Quand je la vois, j'aimerais que l'école soit équipée d'un défibrillateur, juste pour pouvoir hurler "On dégage!" et lui sauter dessus avec les 2 palettes à la façon du docteur Carter : "Chargez à 200! Non allez Dr Benton, mettez-lui du 375! On dégage!". Une réunion avec elle, c'est l'enfer : elle passe son temps à dire "hum" souvent, très souvent, trop souvent et à répéter une partie des phrases dites, en général les dernières de chaque échange, en prenant un air entendu, mou mais entendu. Parfois aussi elle relit à voix haute les docs écrits par les enseignants de l'année précédente alors qu'on les a sous les yeux, c'est long, inutile vu qu'on sait tous à peu près lire, et chiant. Et puis elle se note des trucs à faire, des gens à contacter tout ça, et on a jamais de retour ... mystère et pastille de menthe.

Bref, jusqu'à ce que je rencontre un enseignant référent de scolarité qui me fera changer d'avis peut-être, je continuerai de penser que c'est un poste qui ne sert à rien. Un bon directeur avec une équipe administrative ferait bien mieux le job, plus efficacement et plus humainement. Et c'est justement pour cela que ça n'arrivera pas. On nage en pleine hypocrisie, on crée des postes qui ont l'air de faire avancer le schmilblick, on se congratule, on est fier de son ministère, on se rengorge, on pavane, on les agite à la tête du corps enseignant et dans les faits, ces postes ne facilitent pas du tout l'accès à la scolarisation pour tous, au contraire même, puisqu'on est obligé de passer par eux, les poids morts. Comme ça, moins de demandes adaptées, moins qui aboutissent et par conséquent pas besoin de développer davantage les soins ni l'enseignement adapté ni même le nombre d'AVS correctement recrutés et formés. C'est moche hein, mais c'est la réalité!

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Vol au dessus d'un nid de coucou

Publié le 24 Septembre 2017 par KRo

On a ouvert une ULIS cette année. Normalement on est censés y accueillir des enfants dont les possibilités intellectuelles handicapent leur scolarité, donc ils viennent à l'école normalement mais ils bénéficient d'une classe avec maximum 12 élèves en même temps et d'un programme d'apprentissage adapté. Et pour les disciplines qu'ils peuvent suivre à peu près normalement ils vont avec les élèves de leur niveau. C'est chouette non?!

C'est chouette oui mais bon ça c'est sur le papier, car dans la réalité, la moitié de l'effectif de cette ULIS relève bien de ce dispositif et les autres ont des handicaps qui vont du lourd au très très lourd. Mais alors que font-ils là ma bonne dame? Et bien c'est simple, il n'y a pas assez de places en institutions spécialisées, à l'hôpital de jour, à l'IME (Institut Médico-Educatif), pas assez d'argent mis par l'Etat pour en créer, je suppose. En revanche, comme l'Etat a décrété en 2005 que l'école devait accueillir tous les élèves même handicapés et bien on les case où on peut : dans les classes classiques avec un(e) AVS ou plutôt avec une notification donnant le droit à un accompagnement par un(e) AVS mais pas forcément avec la personne capable de faire le boulot ou alors, au bout d'un certain temps parce qu'on manque de place aussi, on les colle en ULIS.

Et là c'est l'horreur. On mélange des gamins en grosse difficultés scolaires qui certes peuvent avoir besoin d'un peu d'orthophonie ou de psychomotricité voire même d'un peu de psy avec des gamins qui ont besoin de soins médicaux et psychiatriques. J'ai mal au cœur pour eux. Les premiers doivent quand même avoir l'affreuse impression qu'on les a posés dans la poubelle jaune du recyclage, non loin de la poubelle. Et les autres sont en souffrance, ils doivent vraiment se demander pourquoi, mais pourquoi on ne les comprend pas, pourquoi on ne les aide pas comme il faut, pourquoi ils sont si mal.

L'enseignante, Coline, a l'air vraiment super, mais bon, c'est comme être enseignante dans l'hôpital de "Vol au dessus d'un nid de coucou", c'est hallucinant!
Moi l'autre jour, j'essayais d'en raisonner un qui tenait absolument à se taper le front sur la vitre, le mur, la porte ou avec son poing et autour de moi je me suis retrouvée avec Zoé qui faisait une sorte de crise nerf d'ado gueulant "Mais merde, mais arrête de faire ça quoi, putain!", Ronan qui nous matait avec un sourire en coin et un petit rire pervers, 2 ou 3 autres en cercle assez inquiets et Mélia qui est venue me scruter en avançant son visage à 5 cm de ma joue droite. Au secours! Franchement, on est ni formés ni équipés pour ça.

Enfin, petite cerise sur le sunday, vendredi j'avais un message de la conseillère pédagogique sur le répondeur qui nous disait que l'inspecteur avait bien pris en considération le cas de Yunus qu'il avait fait en sorte que cet enfant ait le plus vite possible une place dans un IME ou je ne sais où mais que "dans l'intervalle", il fallait qu'on arrête d'envoyer des mails ou d'appeler à ce sujet. J'étais sur le cul, tellement sur le cul que j'ai fait écouter le message à Coline et à la psy scolaire. Je trouve ça énorme. Le gosse a 8 ans, il ne parle pas mais pousse des cris, il mord, il fait des crises pour lesquelles il faut être 3 adultes pour le maîtriser mais comme l'inspecteur a fait des démarches, nous il va falloir qu'on subisse cela pendant 3 à 36 mois (c'est ça l'intervalle en vrai 3 à 36 mois, pas 1 ou 2 heures) mais en silence. Si on pouvait arrêter de se plaindre et ne pas les abreuver de comptes-rendus répétés relatant l'urgence de la situation ce serait quand même bien urbain! 

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