C'est quand même moche de se dire que c'était couru d'avance, à un moment plus ou moins tôt dans l'année, inexorablement Thérèse allait faire chier. Un truc en rapport avec la destiné.
On avait bien senti la faille quand on l'avait rencontrée la première fois, genre je chiale le jour des répartitions et on était plutôt étonné qu'elle ait l'air de bien tenir le coup (elle laissait à désirer au niveau de la faille en somme, avec tout ce que cela peut supposer de peu ragoûtant). Mais là, bon, en 5 minutes à peine, Thérèse a dévissé.
Juste avant une réunion prévue de longue date, elle me dit qu'elle devra partir plus tôt pour aller manger chez elle avec son fils de 12 ans qui est malade. Crime de lèse-Thérèse, j'ai apparemment levé les yeux au ciel. Alors attention, y'a des trucs qui ne se font pas et il faut bien le savoir : toi, t'es fatiguée comme tous les autres, t'as tes emmerdes de boulot comme tout le monde, tes petits soucis du quotidien aussi, on te dit un truc qui implique que tu le prennes en compte mais à ce moment là, poker face, il ne faut pas lever les yeux au ciel, c'est outrageant!
Elle n'est pas bien tombée la rombière parce que moi, par essence, tout m'énerve! Jean-Pierre Bacri à côté, c'est un enthousiaste. Et en plus, à moins que je ne fasse plein d'efforts dramatiques, ça se voit sur ma face.
Là cela dit, j'ai levé les yeux au ciel, c'était quand même pas bien méchant, en même temps, ce qu'elle m'annonçait n'était pas non plus bien dérangeant alors je n'allais pas me taillader la poitrine et m'arracher les cheveux. J'ai simplement levé les yeux au ciel. Mais apparemment c'était déjà trop, elle n'a pas supporté.
Quelques minutes plus tard, j'ai réalisé que si elle partait fallait qu'elle remplisse le doc qui va bien, histoire que tout le monde soit couvert en cas d'accident, sur la route par exemple. Et là, punaise la Thérèse, ça l'a rendu hystérique. On venait de s'asseoir autour de la table de réunion, je lui ai tendu le papier, elle l'a reçu comme si je lui disais qu'on lui retirerait 3 jours de carence sur sa paye et qu'un blâme serait noté sur son dossier. Elle a pété un plomb en commençant à m'agresser.
Mais elle est con elle ou quoi? La meuf visiblement, elle ne va pas bien, et sa première idée c'est de gueuler sur moi pour se soulager. C'est débile comme tactique! Même moi je ne gueulerais pas sur moi pour me soulager. Franchement, même si j'avais eu tort, bourrine comme je suis, je l'aurais renvoyée dans ses 22. Alors là : j'ai commencé par répondre sèchement. Elle en a rajouté une couche dans son délire de persécution. J'ai ré-expliqué fermement, en haussant le ton, le pourquoi du comment. Elle a vociféré des inepties. J'ai rugi. Elle a chialé.
Allez, merci d'avoir appelé, au revoir et à bientôt.
Punaise! Pourtant je suis une pleureuse hein, mais je ne supporte pas les gens qui chialent pour qu'on les prenne en pitié. Déjà ce genre de cinéma, chez les mômes, ça ne m'émeut pas, mais alors chez une vieille, autant vous dire que ça me saoulasse.
Non mais quelle arnaque! T'as une contrariété, tu chiales, allez tout le monde s'attendrit. A 4 ans ça passe, à 50 c'est moins classe quand même.
En plus elle m'a fait tout un flan sur le fait qu'elle attendait de moi un peu de compréhension surtout en tant que maman. Quoi? Mais c'est quoi ton problème, on fait partie du même club de couture ou quoi? En tant que parent, à la limite, mais en tant que maman? Elle croyait provoquer quoi comme réaction chez moi avec ce genre de réflexion?
Elle a chialé en disant je ne sais quoi sur son mari qui était en déplacement et n'était rentré que la veille et qu'elle aurait mieux fait de rester chez elle. Mais bon sang, tu l'aurais rempli pareil ce foutu papier, tu t'absentes, tu t'absentes, quelle qu'en soit la raison, bonne ou mauvaise c'est ton problème, pas le mien, t'es pas là, tu remplis le papier, on va pas en chier un carillon. Moi je me fous d'en savoir la raison, tu me dis que t'es pas là, j'en prends note et prends des dispositions si nécessaire, après je te file le doc à remplir pour signaler ton absence officiellement et je transmets. On est quoi? les membres d'un gang? On a mélangé nos sangs et tatoué nos peaux pour dire "T'as qu'à t'arranger avec les contraintes du boulot, je te couvre, for ever, and ever"? On ne se connaît même pas, ça se trouve, je ne dis rien, cette conne elle se fout en l'air et moi on vient m'emmerder parce que je l'ai laissée partir comme ça. Non hein, comme je dis très bien quand je suis au comble de l'énervement : ÇA VA! (ça n'a l'air de rien écrit là ici, mais vraiment quand je le dis c'est que je suis au max, j'ai tout dit, tout donné, tout ce qui suivra ne sera que superfétatoire).
Thérèse, vous m'avez pris la tête Thérèse!