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"Bonjour, je suis la mamie de Swenn, je suis la maman de sa maman, je voudrais savoir si c'est ma fille qui vient chercher Swenn cette semaine et aussi je voudrais que vous me rappeliez pour me dire si elle va bien ..."

Ce message sur le répondeur de l'école se passe de commentaire, je pense.

Quand un tueur en série ou un type qui a agressé plein de gens est jugé, un terroriste, un violeur, je me dis souvent que cette personne a été un enfant et que peut-être que quelque part en France devant sa télé ou derrière sa radio, il y a quelqu'un qui se dit : "Je l'ai eu en classe, lui, je l'avais bien dit qu'il était pas net du tout!"

Vendredi matin, la responsable des femmes de ménages est venue me trouver pour me dire qu'une de ses collaboratrices avait trouvé un petit mot à son attention sur la table d'un gamin de CE1 la veille. Un mot posé bien en évidence, plié, avec sur la partie visible tout plein de petits cœurs et un petit mot avec des fautes que je vous épargne : "C'est un mot pour les femmes de ménage."

D'un prime abord du coup, on pouvait croire à une gentille attention, d'autant que le gosse pourrit sa table chaque jour, donc ça n'aurait pas été du luxe. Elle a donc ouvert le mot et a eu la joie de lire les mots suivants : "Va te faire enculer dame de ménage. Et aussi j'ai envie de faire le sexe avec toi."

C'est pas horrible et sidérant ça?!

En plus le gosse avait signé du nom d'un autre gamin de sa classe et mis le mot sur la table de l'autre gamin pour qu'il se fasse punir. Je n'ai eu aucune hésitation parce que c'était subtil comme dans la blague où le mec répond "c'est le chat" au lieu de d'essayer de miauler, il avait écrit "C'est moi qui ai fait ce mot Léo Dupont". 

Belle illustration de différentes sortes de perversions, non?!

Affreux!

Et sinon, j'ai un trio de gamines de ma classe qui est venu dans mon bureau pour dénoncer le fait que l'AVS qui accompagne un garçon de la classe avait dit qu'elles étaient chiantes. Autant vous dire que les 3 sont extrêmement pénibles en classe et que "chiantes" est un euphémisme, mais il est vrai que si l'AVS avait dit cela devant elles ce n'était pas bien. Vous les auriez vu là dans mon bureau, offusquées et revendicatrices, demandant justice pour ce fait inacceptable ... Marion, celle qui, petite, n'avait pas le droit de jouer avec les marrons, jubilait. Cette gamine qui passe son temps à faire des remarques désagréables à tout le monde, qui trouve "nul" tout ce que je propose en classe, qui, je pense, rigole quand elle se brûle ... Là, elle souriait vraiment d'aise, vraiment ... ça m'a fait froid dans le dos!

Sans un bon suivi psy, je ne vois pas comment ces enfants pourraient bien tourner, vraiment, je ne vois pas.

Alors le nouveau maître G, j'y ai cru hein mais en fait non. C'est Dory (le poisson sans mémoire) sous anxiolytiques. Et en plus, il ne parle même pas baleine!

Ça au moins ça aurait été rigolo! Mais non.

Le monsieur me demande chaque semaine où il peut s'installer sachant qu'à priori le plan de l'école ne bouge pas. Donc inlassablement, chaque semaine je lui indique les salles, toujours les mêmes, où il peut se mettre, " Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage " paraît-il.

Et toutes les semaines, il me demande de faire un point aussi. Vu que pour le moment, bien que notre école ait été désignée comme une de ses 2 priorités depuis un mois et demi, il ne prend qu'un seul élève 40 min par semaine, au niveau du point on est dans le rapide hein d'autant qu'il ne fait pas de miracle :

- Alors pour Mathéo comme ça va?
- (Depuis la semaine dernière?) ben ... toujours pareil.
- Ah, ok. Et pour Mathis?
- Faudrait que tu vois la maîtresse pour avoir des détails parce que sinon ça n'a pas changé, toujours le même problème de comportement.
- Et pour Isidore?
- Toujours pareil, faudrait que tu demandes à l'enseignante.
- Et Dylan?
- ...

Cette conversation, à l'identique, est hebdomadaire. Peut-être quand même qu'il faudrait que j'essaie de lui parler baleine moi ...

Ensuite, vraiment si je l'ai poussé dans ses retranchements il va voir les enseignants. Mais bon, il ne s'est pas encore décidé à voir d'autres élèves que Mathéo. Donc il est là, il passe une journée ou une demi-journée à l'école, il boit du café, tourne et vire dans le couloir quand la salle qu'il préfère est utilisée par moi qui suis en réunion, dès que j'en sors pour faire une photocopie, par exemple, il me demande si on a bientôt fini, et puis ensuite, il lit des choses assis dans cette salle.

Voilà, voilà ... une journée bien remplie en somme.

Mais sinon, vendredi prochain, est-ce que la salle de réunion est libre?

"Tut, tut, tuuuuuut, tuut ..." le monsieur passe en voiture le long de la cour pendant la récréation, il klaxonne tout le long ... bon ...

Demi-tour au bout de la rue, là, le conducteur se retrouve du bon côté, côté cour, et c'est reparti, il klaxonne à nouveau comme un dingue et tend aux élèves un gros doigt d'honneur, bien appuyé, bien démonstratif.

Dans la cour, un gamin qui s'est senti visé répond de la même manière, la maîtresse va le voir, l'interroge : 

- Mais qu'est-ce que tu fais? tu le connais ce monsieur?

- C'est mon père!

Ah d'accord! Alors voilà, savourons tous ensemble le second degré de cette communication père-fils parce qu'au premier degré c'est assez flippant tellement c'est rustre.