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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Règles abondantes

Publié le 24 Janvier 2018 par KRo

Nous avons la chance d'avoir des intervenants en musique pendant la moitié de l'année dans notre école. C'est chouette!

Sauf que cette année, c'est une nouvelle musicienne qui intervient, le lundi, pour tous les CM1 et CM2 de notre école. Hélas, la nouveauté n'est pas toujours une bonne chose. La dame est enjouée certes, elle chante vraiment bien, elle est plutôt avenante MAIS, et il y a un grand mais, en plus d'être pas du tout organisée, elle est toujours en retard.

Elle a été absente aussi, de nombreuses fois, m'envoyant des mails pour prévenir généralement la veille de ses interventions, c'est à dire le dimanche si vous avez suivi jusqu'ici. Certaines de ses absences ont été dues à des formations qu'elle suivait, mais bizarrement, elle ne devait être convoquée qu'au dernier moment, je suppose. Plusieurs lundis, nous n'avons eu qu'à constater qu'elle n'était pas là donc (oui parce que je lis pas toujours les mails de boulot le dimanche surtout après 20h, des fois j'ai pas envie.)

Et les retards... les retards... elle est arrivée très souvent même avec 20 à 30 minutes de retard pour démarrer sa première intervention de 45 minutes avec les élèves. Bref, fait chier! Alors au retour des vacances, j'en ai touché quelques mots à sa chef. Elle a compris mon désarroi et partagé mon énervement. De toutes les façons, la fin de la première moitié de l'année approche donc je me suis dit que cette affaire n'était qu'une histoire de 2 ou 3 séances encore. Soyons donc zen. Respirons. Ouvrons nos chakras.

Et puis lundi, à 14h17, je mets mes élèves en ordre de bataille dans le couloir pour nous rendre à notre séance avec l'intervenante en musique prévue à 14h20. Taisez-vous, chut, taisez-vous. On se rend dans la salle. Personne. Allez, on a une minute d'avance, mettons deux, révisons ensemble les paroles de la dernière chanson apprise. Re-révisons. Essayons encore. Bon, attendez-moi là les enfants, vous pouvez discuter mais ne mettez pas le bazar je vous fais confiance, je vais voir s'il n'y a pas un message sur le répondeur. Pas de message de la dite intervenante, un message de la psy. Je profite de mon passage dans le bureau pour noter le téléphone du père d'une élève malade. Je retourne dans la salle. Allez, je suis désolée, on va retourner en classe. Chut, taisez-vous, je ne veux pas vous entendre quand on traverse les couloirs. On ressort un dessin qu'on avait commencé à faire le matin an anglais. Je bous. J'ai l’œil sur le portail d'entrée à travers mes fenêtres, certains élèves aussi, ils trépignent. Guette maîtresse, guette!

14h32 : Maîtresse! Elle est là!

Je lève la tête et la vois, téléphone à l'oreille, elle entre dans l'enceinte de l'école. Pendant qu'elle rejoint sa salle par un côté du bâtiment, de l'autre, rebelote, en rang dans le couloir, chut, taisez-vous, allez s'il vous plaît, je sais que c'est pénible, chut. On y va.
Pas un mot d'excuse. Au moment de la récré, elle a voulu les garder comme à chaque fois. Dès fois je laisse faire 5 minutes parce que les élèves n'ont pas été très sages mais là ... en plus je les voyais, eux, trouver que ça commençait à bien faire.

5 minutes plus tard, elle rentre dans la salle des maîtres et commence à m'adresser la parole. Alors j'ai dit non. Fin de non recevoir. Je lui ai clairement et peu aimablement dit que là, je n'étais pas d'humeur à lui parler (ce qui était un euphémisme pour dire, si tu t'adresses à moi maintenant, tu risques de décéder dans les prochaines secondes donc un conseil, cesse). Bizarrement, elle n'a pas compris au premier assaut que mon langage corporel (gueule de tueuse, yeux qui lancent des éclairs, corps qui flambe et voix qui tonne) n'avait rien de feint. J'étais en mode cocotte minute qui siffle. Au deuxième aboiement sur le thème "tes retards là, c'est pas possible!", elle a compris qui c'était Raoul et a tourné les talons : "Bon on parlera du spectacle plus tard alors."

Moi je me suis dit que en fin de semaine quand je serai au bureau et calmée, j'écrirai un mail.

Mardi matin, alors que j'écoutais les messages des parents indiquant la litanie des enfants malades, je décroche le téléphone. C'était elle. 

 - J'ai pas trop aimé la façon dont tu m'as parlé hier, surtout devant le collègue.

- Mmm (le collègue, il est courant que tu n'es pas fiable, ça n'a pas été une découverte).

- Oui parce que les absences, elles étaient prévues depuis le début .. et blabla et blabla

- Mmm (ah toi t'avais les dates déjà en septembre, intéressant), le problème ce sont tes retards.T'es trop souvent en retard.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, en plus j'ai toujours prévenu.

- ??? Ggglups

- Et hier, j'étais là, j'étais dans les locaux, figure-toi que j'ai eu un problème de fille, j'ai dû aller aux toilettes parce que j'ai des règles abondantes et aussi ... bla bla bla

- ......................... !!!!! (Là ça m'a coupé le sifflet. La nana, elle ose me dire qu'elle était aux chiottes! Je l'ai vue de mes yeux vue se pointer à 14h32 et elle ose.
Donc si je résume, elle a été aux toilettes, au moins une bonne quinzaine de minutes, et vraiment manque de bol je suis passée devant les toilettes 3 fois pendant ce laps de temps et je ne l'ai pas vue en sortir, puis sachant qu'elle serai ou qu'elle était déjà en retard, elle n'a pas daigné passer une tête dans la salle pour s'excuser, dire qu'elle allait arriver, et elle s'est faufilée dehors, avec son blouson, son sac, son téléphone, elle est sortie pour aller jusqu'à sa voiture sans doute, dans laquelle évidemment, elle a des vêtements de rechange (comme moi avec ma paire de pompes en cas d'urgence de cassage intempestif de talon en pleine journée), et elle s'est changée avant de revenir. Elle ne se fout pas de ma gueule là? Tout le monde en est bien sûr?! Des règles abondantes donc!)

- Oui et pour le reste je ne sais pas de quoi tu parles, j'ai toujours prévenu et blabla et blabla...

- Bon de toutes les façons, tu as toujours une bonne raison.

- Oui!

Elle m'a séchée là. J'ai hésité entre éclater de rire et éclater tout court. Je lui ai dit que ce n'était pas le moment et j'ai raccroché.

Ça fait plus d'une journée et je suis encore énervée. 

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Je m'assois dessus.

Publié le 18 Janvier 2018 par KRo

Hier, j'arrive dans la classe ULIS, le visage de ma collègue s'illumine. Il se trouve que j'arrive par hasard juste au bon moment. Dans la pièce attenante, 3 AVS sont en train d'essayer de maîtriser un gamin qui pique une grosse crise et balance coups de pieds et coups de poings alentour quand il n'est pas en train d'essayer de se mordre lui-même.

Je participe à la fête donc. Et à un moment, j'ai fini par m'asseoir dessus. J'ai cru quelques secondes que ça allait débloquer la situation parce que quand j'ai commenté la scène, le gamin a commencé à sourire mais bon, ça n'a pas suffit. Quelques minutes plus tard, j'étais carrément allongée à moitié sur lui à moitié par terre, avec la désagréable impression de participer à une émission intitulée " Vis ma vie de Teddy Riner", sauf que je ne connais pas bien les prises qui immobilisent. Après ça, dans une tentative désespérée d'essayer toutes les méthodes que je connais pour calmer un gamin, on a tenté de le laisser se relever, et là, il a TOUT balancé par terre, les tables, les chaises, les bouquins, les jeux ... avant que je finisse par réussir à l'attraper par le bras et l'emmener jusqu'à mon bureau pour appeler sa mère. Allez savoir pourquoi, après 20 minutes de lutte, il s'est plus ou moins laissé faire. Mystère.

Note pour plus tard : la prochaine fois que lorsque je passe devant la maîtresse, elle me dit " Ahmed franchement ... ras le cul!", alors que les autres élèves ne sont pas loin derrière, déceler qu'il y a un gros problème et aller rapidement enfiler mon déguisement de Karotista, la catcheuse!

 

Ah et sinon aujourd'hui, il a refait une crise, hurlements, porte dans la gueule d'une AVS, coups. Alors rebelotte, appelée à la rescousse, la maison n'a reculé devant aucun sacrifice : je me suis assise dessus. Et cette fois c'est la méthode du je-te-contrains-très-très-fort-physiquement qui a marché après 10 bonnes minutes. Tant mieux, mais quand même, c'est un peu la roulette à chaque fois cette histoire.

Ensuite, je suis retournée à la réunion à laquelle on m'avait arrachée. Pour tout dire, j'étais un peu tendue. Heureusement, ça n'a pas stressé la référente de scolarité. Quand les parents présents ont demandé si, pour leur enfant autiste en attente d'IME depuis 4 ans, intégrer l'ULIS dans l'intervalle pour être plus au calme, serait une bonne idée. Elle, elle a pris note : "Ah oui, oui, ah oui, oui. C'est à vous de voir, oui, oui, vous pouvez en faire la demande, mmh". (Elle fait tout le temps des petits bruits d'acquiescement comme ça "mmh" "mmh" et des "oui, oui" tout doucement. Ça m'insupporte. Moi j'ai envie de faire comme Ahmed dans ces cas-là, lui sauter sur le râble (de lapin) et lui renverser la table sur sa tronche (de marsouin, tin lin lin).)
Moi, à ce moment là, j'ai dit "PLUS AU CALME? Euh, non je ne crois pas, je viens quand même d'être appelée pour maîtriser un enfant au sol!". Elle, ça va, son rythme cardiaque ne s'est pas affolé et puis d'ailleurs après la réunion, elle n'a pas cru nécessaire de me demander de quel enfant il s'agissait alors qu'elle est pourtant sa référente en matière d'intégration scolaire, puisqu'il est reconnu comme handicapé. Non, elle est partie guillerrette en me lançant un "A la semaine prochaine!". Je t'en foutrais moi. Je vais m'asseoir sur toi et on va voir si t'es toujours aussi ravie après!

Alors, demain, quel est le programme? Ah non, demain Ahmed n'est pas là ... il est à l'hôpital de jour.

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2018, quelle est la suite?

Publié le 13 Janvier 2018 par KRo

Et bien après des vacances bien agréables nous sommes rentrés et en notre absence rien n'a changé. 

Retrouvé le collègue stagiaire qui a décidé de se reconvertir à 40 et quelques années mais n'aurait, à mon avis, jamais dû se lancer là-dedans. Nul. Il est nul mais d'une part, il ne semble pas le savoir (oui il pourrait au moins être un peu lucide, en plus il débute donc il pourrait ne pas être au top sans que ce soit étonnant) et d'autre part il se la pète. Le gars déambule dans les couloir façon beau gosse "I'm sexy and I know it", alors qu'il ne fait pas envie du tout, il est chauve mais c'est pas Bruce Willis avec son air mi-goguenard mi-séducteur, pourtant il marche toujours comme si derrière lui il y avait une voiture en flamme qui venait d'exploser tout ça en musique et dans un effet de ralenti bien senti. Et à côté de ça, il se prend la tête sur des détails débiles dont chacun (avec moi en tête) se cogne mais n'a pas commencé la production d'écrit de tout le premier trimestre par exemple, alors qu'il a des CE2, et il a rendu les bulletins avec 3 semaines de retard sur tout le monde, etc ... une catastrophe.

Retrouvée la stagiaire avec laquelle je partage ma classe qui a un poil dans la main. Elle a environ 25 ans et la flemme. C'est dingue ça, débuter sans avoir l'envie de se défoncer un peu, d'apprendre. Non, petite fille gâtée et râleuse. Moi elle ne me fait pas envie non plus elle. J'aimerais bien avoir son âge mais sinon, pour ce qu'elle en fait, c'est de la confiture aux cochons. Hildegarde franchement ... aucun intérêt.

Retrouvée la collègue qui systématiquement lance ses photocopies, se barre et évidemment te laisse le soin de rajouter du papier pour avoir la joie de regarder ses photocopies se faire ... pénible.

Retrouvée Mylène, qui me saoule tellement de paroles qu'il lui faut finir son histoire après la sortie des classes alors qu'elle a commencé à me la raconter à la récréation, sachant qu'elle est banale et inintéressante (l'histoire, mais Mylène aussi en fait). Et puis aussi maintenant, comme elle est enceinte, elle ne veut plus aller dans les couloirs pour faire sortir et rentrer ses élèves, elle ne veut plus monter et descendre les escaliers, elle ne veut plus surveiller les récréations mais bon elle ne veut pas non plus s'arrêter parce que tu vois, elle n'est pas malade (TU VOIS OU PAS? parce qu'elle a parlé beaucoup beaucoup et tout près de toi en agitant ses mains, alors TU VOIS?). Ben je ne sais pas, comme je pense que tu es la première enseignante à qui ça arrive d'être enceinte, faut qu'on réfléchisse. Ah non pardon, t'es la première enseignante aussi chiante à être enceinte, donc faut qu'on réfléchisse. Je déteste les gens qui te disent qu'ils ne veulent pas t'embêter mais te demandent un truc qui va forcément faire suer ... insupportable.

Retrouvés les mystérieux petits êtres invisibles (et oui car ce n'est jamais personne) qui laissent traîner leurs tasses à café sales pendant plusieurs semaines sur la table ou dans l'évier, les assiettes sales, les paquets de gâteaux vides, les sacs plastiques, les blocs de froids semés hors du freezer un peu partout, le matériel de sport mis en vrac dans le placard ... irritant.

Toujours pas retrouvés en revanche, la maîtresse E, pas vue, l'efficacité du maître G, pas encore venu démarrer sa prise en charge auprès des élèves qualifiés de "priorité" début septembre. Bon mais enfin, il est quand même un max occupé à surveiller les hélicos d'un œil pendant que de l'autre il guette le lait dans la casserole, peut pas tout faire. Pas trouvée non plus la patate de la référente de scolarité, vivre avec une tension à 2 n'est donc pas qu'une boutade.

Heureusement, heureusement, y'a les collègues qui font plaisir! 

Celle qui vient remplacer en Maternelle et me raconte sa détresse lorsqu'elle se retrouve à faire la ronde sur "Jean petit qui danse". Oui, quand tu n'es pas fan fan de la Maternelle, "Jean petit qui danse" le vendredi après-midi avec 25 mômes qui ont la morve au nez, ça peut être légèrement pathétique.

Mais le mieux, le mieux, c'est celui qui me raconte comment pendant ses vacances en famille, il a dû s'arrêter sur la bande d'arrêt d'urgence sur l'autoroute pour épancher sa chiasse! Là oui, là je dis merci, merci agent J, j'en ris encore.

Ça, ça me redonne confiance en la vie ... on n'a donc pas encore fini de rigoler!

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