Ça commence comme un coup d'pied d'enfant
Que t'as pas vu venir
En plein dans ton tibia
Toi et moi, on s'en va appeler
Ton père sur le champ
Et lui parler de toi
Si tout change
Et s'arrange
Il y aura du bonheur pour toi
Et pour nous
Tu verras
Ça ressemble à un appel de merde
On croit qu'c'est un cauchemar
Et ça n'en finit pas
Le papa, n' sert à rien, le gosse l'envoie chier
Ou se barre en courant
Et ça dure 20 minutes
Si rien n'change
Ni n's'arrange
Il y aura des emmerdes pour toi
Et pour nous
Tu verras
Ça commence comme une crise d'enfant
On n'en voit pas le bout
Mais que c'est éprouvant ...
D'abord on a passé du temps avec l'AVS dans mon bureau pour qu'il se calme, peine perdue. Gustavo dit sans cesse des choses du genre : "Tu me fais chier. Je vais t'emmerder jusqu'au bout. T'as pas fini. Je fais ce que je veux. NAN, C'EST TOI QUI TE CALME! C'est moi qui décide. FERME-LA! Je vais continuer. ENFOIREE!" Impossible de lui trouver un endroit où il va se poser, si je ne le retiens pas ou si l'AVS ne le ceinture pas, il commence à foutre en l'air tous les papiers sur mon bureau, monte debout sur les chaises, donne des coups de pieds, de poing, de tête dans tous les sens. On essaye de le contenir sans lui faire mal mais c'est extrêmement difficile. Toi ça te met dans une tension insoutenable parce que tes tripes te disent "Eclate-lui la tronche une bonne fois à Golum, qu'il comprenne qu'il faut qu'il arrête les coups et les insultes à répétition, qu'il comprenne qui est le roi de cette saloperie de jungle!" et ton cerveau te hurle "Zen, soyons zen, c'est un gosse, c'est un gosse et tu es l'adulte responsable de cette pièce."
Après on a appelé le père avec le portable de la maîtresse, Alberta Tomba-la-Bomba (oui parce qu'auparavant, Alberta, l'avait appelé avec le téléphone de l'école parce que Gustavo se mettait en danger en montant sur les murs d'enceinte de la cour mais il s'était barré avec le téléphone à l'autre bout dès qu'elle lui avait passé son père pour le "raisonner" ou peut être le faire résonner on ne sait pas. Peut-être qu'il ne fallait pas lui passer le combiné mais le frapper avec pour voir si on obtenait un meilleur résultat. Et donc plus de téléphone, il avait dû le faire tomber ou je ne sais quoi mais celui-ci refusait de fonctionner à ce moment-là).
Et donc nous voilà, moi tenant le téléphone mis sur haut-parleur, l'AVS alternant les tentatives d'immobilisation du môme et les moments de pause où systématiquement il se barrait en courant. Le père avait un discours complètement naze et inefficace. Le gosse, quand il daignait répondre, disait des trucs du type : "Ça va j'suis pas sourd! La directrice me fait chier. J'fais c'que j'veux." Le père répondait : "Il ne faut pas que tu me répondes comme ça. Oui, mais il y a d'autres mots pour le dire (ben tiens). Non, c'est comme à la maison il y a des règles (c'est c'la oui)." Et de temps à autres, je reprenais l'appareil pour dire que Gustavo était parti. Un moment il s'est même rebarré en classe, je me suis retrouvée avec le père sur haut-parleur, au milieu des mômes et d'Alberta qui essayait de les faire bosser bien que s'interrompant pour dire à Gustavo que son père était toujours au téléphone et n'avait pas fini de lui parler. Elle m'a dit : "Ah ça, j'avais jamais vécu ça, c'est une première." Elle, je peux vous dire qu'elle a du mérite de supporter cet immonde gnome et ses horribles parents depuis le début de l'année.
C'était surréaliste. Complètement délirant.
Et à un moment où je disais à nouveau au père que son rejeton venait de se barrer en courant, il m'a dit :
- Bon écoutez, je suis au travail.
- Nous aussi monsieur.
- Oui, bon, moi quand j'ai un problème au travail je n'appelle pas à droite à gauche!
- Euh, ça reste votre enfant monsieur!
- Oui mais il est confié à l'Education Nationale.
J'étais épuisée nerveusement ce matin, ça faisait près d'une heure que j'étais empêchée de faire mon boulot et je n'ai pas eu la répartie de lui dire que je n'avais pas de problème avec mon travail mais avec son enfant, que j'étais directrice d'école et pas de chenil et que ce n'est pas à l'éducation nationale mais à la médecine qu'il fallait qu'il confie sa monstrueuse descendance.
Quel enfer! Et dire qu'à l'inspection ils trouvent que dans cette école on ne communique pas assez avec les parents. Sans déconner! J'en ai pleuré d'épuisement, de dégoût et de rage.
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