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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Augustin-la-crocrotte

Publié le 11 Septembre 2016 par KRo

Quand en mai ou juin j'avais procédé à l'inscription d'Augustin, déjà ses parents m'avaient prévenue qu'il était pénible. Ça m'avait alertée, parce que c'est rare. En général, les parents ils disent "Il est vivant!" pour te dire qu'il va te mettre ta classe en l'air, ou bien "Il faut le visser, c'est tout." ou "Il faut le tenir." tant et si bien que t'as d'un coup l'impression de diriger non pas une école mais un chenil. Et puis après, ces gamins ils sont super chiants et tu te retrouves à mettre des mots dans les cahiers ou à rencontrer les parents qui à ce moment là, deuxième étape de la novlangue, te disent : "L'année dernière ça s'est bien passé pourtant, je ne comprends pas, c'est la première fois qu'on me dit ça. A la maison, il n'est pas du tout comme ça!". Alors, pour ce qui est de la maison, je veux bien les croire quoique pour certains gosses j'ai quand même un sérieux doute, mais pour l'école ce qui est bon, c'est que les parents ils arrivent à te dire ça même quand il était déjà dans ton école l'année d'avant et que donc tu as entendu ta/ton collègue en parler, voire même qu'on en a parlé ensemble pour essayer de trouver des solutions.

Mais là, non, là ils ont annoncé la couleur tout de suite. En même temps, après tout de même avoir placé qu'il était plutôt brillant scolairement, ils se sont retrouvés à me dire que dans l'école privée où il était, ils n'en voulaient plus parce qu'il était trop pénible. Je suppose donc qu'ils avaient dû, plus ou moins brusquement, prendre conscience de la réalité de la situation. Un bon point pour eux, me suis-je dit, ils sont honnêtes. C'est vrai, ils auraient pu m'inventer une raison bidon pour m'expliquer son retour au sein de notre chère école publique qui accueille tous les enfants, avec ou sans difficultés voire même pathologie, avec ou sans moyen de les prendre en charge correctement : ALLEZ, C'EST PAR LÀ , ENTREZ, ENTREZ, ON RIGOLE ON S'AMUSE, BIENVENUE DANS LA COUR DES MIRACLES!

Sachant que ce nouveau chocolat était une crocrotte (oui, vous savez les crocrottes, c'est comme ça que la grand-mère de mon beau-frère appelait les chocolats vendus en vrac dans des boîtes carrées sur le rayon le plus bas des hypermarchés à Noël. Mais si, faites un effort, ces chocolats dégueu avec dedans une sorte de fourrage blanc ou rose ... Ah! vous voyez de quoi je veux parler), et bien je me suis pas sentie d'aller recracher cette crocrotte dans la main de ma voisine, je me la suis gardée.

Et effectivement : la première matinée, il m'a saoulé. Au bout de 2 jours, j'en avais marre. Au bout de 3, j'ai éclaté de rire en pleine classe tellement il est usant et je me suis dit que l'année allait être TRÈS longue! Le gamin est un nombril! Il y a lui, lui, et lui. Il a la maturité d'un enfant de Petite Section : il se lève, parle à tort et à travers, souvent d'autre chose que ce dont on parle à ce moment là, il vient me tirer sur la main pour que je l'écoute (WHAT?), il manifeste son envie d'aller pisser 10 minutes après la récré, il interrompt la séance d'histoire pour savoir quand est-ce qu'on ira en sport, il tient tellement à ce qu'on le remarque que lorsqu'on chante, pour se faire entendre il fait des espèces de vibes ... A pain in the ass quoi!

Et l'autre jour, le papa est venu le chercher et en a profité pour venir me voir. Du coup après lui avoir dit que j'avais pas été roulée sur la marchandise et avoir vu son visage pâlir, j'ai commencé à mettre les formes. Oui, un petit conseil, quand son enfant est chiant, mieux vaut ne pas cueillir la maîtresse à la sortie de la classe, mieux vaut lui laisser le temps de se remettre et d'en parler tranquillement, parce qu'à chaud, ça peut être brutal comme conversation. Là, j'ai vu sa tête et je me suis entendue dire : "Non mais on va y arriver! Il faut qu'il prenne ses marques!", sur le moment je n'y croyais pas du tout, mais bon sa détresse à déclenché mon mode "Diplomatie".

Et là, le gars me regarde et me dit : "Il vous a insulté?"

Quoi? Je vais me faire insulter en plus? C'est à ça que je dois m'attendre? Ah non! Ça m'a fait marrer, tellement c'est désespérant .... Apparemment Augustin-la-crocrotte était coutumier du fait l'année précédente, c'est charmant tout ça, non?

Je sens qu'on va vivre une belle aventure ensemble cette année. Depuis cette discussion, il s'est notamment levé en classe pour aller se battre dans l'allée avec un autre élève, qui lui est scolarisé dans le cadre du handicap pour son hyperactivité, donc qui a en quelques sortes, des circonstances atténuantes en ce qui concerne son comportement. C'est chouette, non?

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Reproduction

Publié le 25 Juillet 2016 par KRo

Une vieille histoire pour ne pas se laisser trop aller à la poésie de la saison estivale.

Elle remonte à l'époque où j'effectuais des échanges de services avec mon collègue M. Schopenhauer. Il prenait ma classe en sciences et moi la sienne en anglais. Ça tombait plutôt bien parce que moi, pour qui me connaît, je n'aime pas trop la nature.

Ce jour là, je fais sortir ses élèves et récupère ma classe juste au moment où cela sonne, ils sont dans le couloir en train de se ranger avant de partir. Les animateurs du CLAE sont déjà prêts à accueillir les enfants et postés à différents endroits, certaines classes circulent déjà, bref il y a du monde.

Et là, Djessy se met à gueuler : "Maîtresse, monsieur Schopenhauer aujourd'hui en sciences, il nous a montré une photo avec 2 chevaux qui S'ENCULAIENT!" Le dernier mot là, elle l'a dit très très fort, vraiment démesurément fort pour ce si petit couloir, je vous assure.

Mais moi, je connaissais l'engin ... je veux dire par là que je maîtrisais la finesse et la délicatesse de la Djessy, je savais bien de quoi elle était capable et aussi qu'elle ne comprenait pas toujours tout et enfin, que trop souvent elle était confrontée à des conversations ou des images qui n'étaient pas de son âge du tout. Alors j'ai répondu :

- Ah? Il va falloir que j'en parle avec M. Schopenhauer alors, parce que je ne crois pas que ce soit au programme.

Et puis j'ai fait avancer mon rang, forte de ma décontraction à l'anglaise.

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Nounou et Boubou

Publié le 29 Juin 2016 par KRo

La nounou dont je parlais à la fin de l'article "Chocolat" après que sa fille a déclaré en classe ne pas avoir le droit de jouer avec des enfants à la peau marron, est revenue puis revenue, puis encore revenue s'entretenir avec la maîtresse au portail le soir. Ma collègue n'en pouvant plus de ce harcèlement me demande de bien vouloir recevoir cette maman avec elle dans mon bureau.

Allons-y gaiement, "Eins Zwei Polizei, Drei Vier Grenadier ...". Nous voici installées. Là Mme Jeanmarie nous explique à quel point elle est contrariée, voire limite haineuse à l'égard de l'école, parce qu'on a forcément dû obliger sa fille à dire devant tout le monde qu'elle lui interdisait de jouer avec les marrons. Revoilà donc ma collègue resituant l'histoire, expliquant comment la petite Marion a spontanément donné la raison de son refus de jouer avec Vaiana, persuadée qu'elle était d'énoncer une évidence.

La mère répond : "De toutes façons je n'en démordrai pas!".
Bon ben alors "Qu'est-ce que vous faites-là? Parce qu'on ne va pas juste vous chanter une petite berceuse pour vous faire plaisir!". On lui explique que nous à l'école, on nous demande d'enseigner les valeurs républicaines que sont la fraternité et l'égalité. Et puis on lui fait un petit couplet sur le conflit de loyauté dans lequel elle met ses enfants, le fait que ça joue sur leur comportement tout ça...

Elle dit "Oui, oui" mais la voilà repartie sur le fait que dans leur famille, ils ont des convictions qu'elle ne veut pas que ses enfants s'acoquinent avec n'importe qui, que ceux qui sont intégrés ça va mais bon les autres quand même, elle, on lui a volé son portefeuille il y a 3 ans et COMME PAR HASARD c'était par une noire alors bon vous comprenez ...

Donc là, en ce qui me concerne, même pas la peine de tenter un "INTEGRÉS? c'est à dire? parce que Vaiana elle est française donc je ne vois pas comment elle peut être plus intégrée voyez-vous?" Ce que je comprends surtout moi c'est que bon si j'avais envie d'avoir un bon discours de quinqua blonde et facho j'irai au meeting de Nadine Morano, je resterai pas dans mon bureau, vous comprenez ...

Ma collègue, elle, elle y croit, elle reprend son bâton de pèlerin :
- Vous avez vos opinions, c'est entendu, mais c'est bien aussi que Marion se fasse sa propre opinion grâce à l'école.
- Ah non! Je ne veux pas qu'elle se fasse son opinion, je veux qu'elle suive la mienne. Je ne veux pas qu'elle finisse voilée et son frère djihadiste.

Ah ben c'est sûr c'est la bonne façon de faire ça, je dirais même plus, c'est la meilleure façon d'y arriver!

Bon enfin, jusque là on ne voyait pas bien pourquoi elle était remontée comme ça Marine et puis elle a ajouté : "Vous comprenez ici tout se sait et maintenant tout le village croit que je suis raciste. Et il n'y a plus moyen de faire un démenti!"

Euh ... un "menti" vous voulez dire plutôt, non?

J'avoue que là, j'étais perplexe, je lui ai même demandé en quoi ça pouvait la gêner puisque c'était bien sa façon de penser. Et bien non, non, non, pour elle, elle peut dire toutes ces saloperies, finir notre entretien en se levant 10 minutes plus tard en disant "Moi je vous le dis, on va tous se faire bouffer en France!" et ne pas vouloir qu'on utilise le mot "raciste" pour être qualifiée. Étonnant non? C'est le mot qui ne lui plaît pas visiblement, le concept, lui, ça va. Donc pour résumer, la dame elle aurait bien voulu qu'on puisse (dé)mentir pour elle, histoire de lui arranger ses casseroles.

Et puis, elle était vraiment très contrariée en fait parce qu'elle est très copine avec "Boubou" (son argument "Y'a bon Banania" a elle sûrement puisque visiblement il n'a pas de prénom ni de nom qui daigne être prononcé en public ce monsieur) et lui, Boubou, avait moyennement apprécié que son fils une fois rentré à la maison lui demande si à son avis il n'était pas trop marron pour pouvoir jouer avec tout le monde. Alors là, Jeannelapucelle elle était choquée. Parce que bon, y'a les bons marrons et les mauvais marrons. Les mauvais marrons c'est ceux qui sont trop foncés et qui risqueraient de déteindre sur sa progéniture, et les bons marrons ben c'est ceux qui sont trop foncés mais bon, c'est des bons marrons ... comme Boubou!

Du coup, comme tout était très clair pour tout le monde, on n'a pas prolongé hein, c'est que "faut pas (trop) parler aux cons, ça les instruit."

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Chocolat

Publié le 12 Juin 2016 par KRo

Un petit article pour se détendre après encore un weekend de boulot ... vivement les vacances.

Nous étions, l'autre jour, en réunion en train d'essayer de réaliser la répartitions des élèves dans les classes pour l'année prochaine. On pourrait croire qu'il s'agit simplement de mettre les élèves par niveau mais en fait pas du tout, ceci est un exercice plutôt compliqué. En effet, une fois les gamins présentant officiellement une pathologie répartis (un peu plus d'1,5 en moyenne par classe en ce qui nous concerne, et je vous jure que y'en a on ne sait pas trop comment trouver la virgule), il nous restait dans l'ordre ceux qui te foutent en l'air ta classe, les chieurs, ceux qui ne peuvent pas se blairer entre eux, ceux que toi tu ne peux pas blairer et puis ceux tranquilles mais en difficulté et enfin le tout venant (dont ceux que tu clonerais bien tellement ils sont chouettes). C'est un vrai casse-tête mais parfois c'est aussi un peu comme jouer à Bohnanza, t'es prêt à échanger 2 Harry Colique contre 1 seul Harry Cauchemar et tu t'accroches à ton Harry Choco même si tu sais que y'en a déjà un qui a été mis dans une autre classe que la tienne.

Alors on en était là dans les tractations et les réflexions et puis une collègue me demande ce que je sais d'un nouvel inscrit, elle me dit son nom depuis l'autre bout de la table et moi je réponds, tout sourire mais d'un air entendu : "C'est un chocolat!"

Et là, j'ai bien senti le malaise sur ma gauche, la collègue était hyper mal, elle n'a rien dit mais j'ai bien senti son regard réprobateur sur moi, c'était drôle. Oui, c'était drôle parce que l'expression par analogie avec une phrase de Forrest Gump, signifie qu'avoir un nouvel élève, c'est comme piocher dans une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Rien du tout de raciste dans tout cela.

Mais du coup, je m'interroge rétrospectivement : laisserait-on quelqu'un avoir des propos odieux en salle des maîtres sans réagir?

A propos d'odieux, l'autre jour une mère d'élève a dit à sa fille qu'elle lui interdisait de jouer avec les enfants à la peau marron. Alors son enseignante a fait tout un truc dans sa classe sur la différence, les différences, tout ça, tout ça, histoire de montrer à la petite que bon la race aryenne quand même, ça limite le choix de tes amis. Et le soir, la mère est venue la voir et lui a dit tout de go que l'attitude de sa fille était tout à fait normale puisque dans leur famille ils étaient racistes. AH?! Ah d'accord ...

Quand elle nous a rapporté cela, nous on était esbaudis. On a franchi un pas je crois, on n'est plus dans l'extrême droite décomplexée là, on est en présence de gens qui se vautrent dedans comme des gros Schweine dans la fange. Punaise, c'est ... étonnant!
Ce n'est plus du racisme insidieusement ordinaire, c'est carrément de l'affichage en 4 par 3. Ça fout les jetons, je vous le dis. La dame est nounou de surcroît, quand tu entends ça t'es clairement content de plus avoir d'enfants à faire garder de la sorte.

Les parents d'élèves en fait c'est aussi comme les chocolats d'une boîte qu'on te donne, y'en a qui sont à vomir.

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