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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Chapeau l'artiste!

Publié le 17 Juillet 2019 par KRo

Avant d'écrire cet article, j'ai cherché la date du précédent à propos de Dory, notre nouveau maître spécialisé G. C'était en novembre dis donc! En novembre, il se tâtait pour savoir: "Plouf, plouf, quel sera l'enfant que je vais prendre parmi ceux que je n'ai pas envie de prendre!"

A l'époque il demandait, à répétitions, des nouvelles des élèves pénibles, mais ce n'était pas du tout pour savoir lesquels mettre dans un groupe pour une prise en charge, non non, c'était juste pour passer le temps et me faire perdre le mien. Finalement, il en a vu 3.

Dans l'année. 3 dans l'année. Enfin, plutôt 2 en fait, car il a commencé à en voir 1 à peu près toutes les semaines à partir de mars (hey, le temps qu'il s'organise, t'es bien exigeante toi, t'aurais voulu qu'il le prenne dès la première moitié de l'année, nan mais n'importe quoi vraiment) et les 2 autres de temps en temps, quand les planètes étaient alignées, que le vent soufflait de l'ouest, qu'il faisait la température idéale de 22° et surtout, surtout, évidemment, rappelez-vous, quand il avait une salle de disponible. Et pas les 2 le même jour non, une fois l'un une fois l'autre, nan mais t'as jamais entendu parler du stress des urgentistes ou quoi?!  Ah c'est pas un boulot ça, c'est un sacerdoce, je vous le dis, défiler à genoux sur des petits cailloux pointus à côté, c'est l'extase! 

Enfin, ça se trouve, il est tellement gai comme une porte de prison que peut-être que les petits cailloux pointus ça peut lui plaire, allez savoir...

Toujours est-il que dans sa quête de perfection de sa cagnardise, il m'a bluffée! 

Un matin, il a réussi à ne voir aucun gamin tout en ayant l'air de tout mettre en œuvre pour les voir.

Il a commencé (enfin pas à 9h non plus, hein, vers 9h30, le temps sans doute qu'il se soit un peu échauffé) par aller chercher Pervers Popo, et comme tous les vendredis depuis plusieurs semaines, il n'était pas là. Ah zut et flûte, encore raté, bon, du coup il est allé s'isoler une bonne demi-heure dans sa salle pour se remettre. Oui, ça fait déjà plusieurs semaines qu'il tente de le voir le vendredi et que le vendredi le gamin n'est pas à l'école, quel manque de bol. Du coup il ne l'a encore jamais vu. On tente le jeudi? On appelle les parents? T'es folle ou bien? Ah nan, on s'enferme dans la salle pendant une petite demi-heure et on recale son chakra et puis c'est tout. A la guerre comme à la guerre.

Après il a hésité sur le choix de l'enfant qu'il allait aller chercher, ben ouais tu comprends, chaque vendredi ça lui fout tout son planning en l'air, c'est pas simple. Il est venu me demander plusieurs fois ce que je pensais de ses réflexions et aussi où étaient les salles de classes des enfants concernés et si les classes étaient bien dans leurs salles de classes (oui ça c'est parce que j'ai pucé les enseignants, donc maintenant, hop, t'en a un qui décide d'aller en salle d'arts plastiques ou sous le préau et tac moi je sais immédiatement où il se trouve, je regarde les classes se déplacer toute la journée sur mon écran d'ordi, ça m'occupe vu que je n'ai pas grand chose à faire quand je suis au bureau).

Ensuite, il s'est décidé à aller chercher un gamin, mais manque de bol, entre temps (oui, oui c'était bien la classe qui sortait en défilant devant ma fenêtre au moment où il me parlait), la classe était partie en sport en dehors des locaux. PUNAISE! Mais toute une stratégie élaborée et voilà, foutue, tout à recaler, réinitialisation des chakras et tout le toutim. Une demi-heure.

Après cela, il a décidé d'aller chercher un autre gamin, mais c'était la récréation, et lui, pendant la récréation il fait une pause. Et puis ça tombe bien parce que nous à l'école, comme on a une petite cour on a 2 récréations l'une après l'autre, donc lui, dans le doute, il fait une pause d'une demi-heure.

Puis, il s'est mis en quête de l'élève en question, mais entre temps, la maîtresse avait dû partir parce qu'elle avait un de ses gamins qui vomissait ses tripes dans une autre école, donc elle avait réparti ses élèves juste avant la récré. Là, panique! PANIQUE! Donc il a fallu qu'il s'en remette, puis il est venu me voir, mais moi j'aidais à soigner un gosse qui s'était ouvert la tête donc j'étais un peu occupée. Lui, plutôt que de demander à quelqu'un d'autre, il a préféré attendre, même si en passant un gamin qui rentrait de récré lui a dit dans quelle classe l'élève en question avait été réparti. "Tu es sûr? Tu es sûr? Tu l'as vu dans la cour tout à l'heure à la récréation? Avec Mme Monerot, tu es sûr?". C'était quand même mieux d'attendre ma validation hein.

Et quand j'ai été disponible, que j'ai eu raccroché de mes appels au 15 et aux parents, j'ai confirmé donc. Mais là! Non mais c'est dingue, appréciez la maîtrise ès glande du gars, j'étais ébaubie, il avait tellement attendu que la classe d'accueil du gamin qu'il cherchait, était partie en sport après la récréation sans qu'il n'ait le temps de bouger son fion de l'encadrure de la porte de l'infirmerie dans laquelle je m'affairai.

Magnifique! Magnifique! Ce matin là, je me suis dit que c'était tout de même tout un art!

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Caméra cachée

Publié le 11 Juillet 2019 par KRo

Eloïc est en crise.

La bonne grosse crise. Il a commencé par insulter d'autres élèves de CM2, les traitant de "salopes". L'enseignante de service dans la cour m'a fait appeler. J'y vais, Eloïc ne veut pas me suivre à l'intérieur du bâtiment, s'en suit une petite dizaine de minutes où il marche ou court à travers la cour en vociférant entre autres délicatesses très banales qu'on est dans "une école de merde où on apprend rien", je suppose qu'il pense me toucher avec ce genre de choses, moi je me dis qu'au moins il a compris qu'on était là pour apprendre et c'est déjà pas mal. Bref, je le suis, je marche moi, je ne cours pas, mais je le marque à la culotte pour qu'il comprenne qu'il ne peut pas juste s'en sortir en hurlant et en insultant tout le monde.

Il finit par entrer dans le bâtiment et là va se planquer quelque part dans l'école. Là commence la recherche à plusieurs enseignants. La fin de la récré sonne, on ne le retrouve pas, on se demande même s'il ne s'est pas barré, j'appelle la police municipale pour inspecter les alentours. J'appelle l'inspection pour signaler le problème.

On finit par le retrouver planqué à l'intérieur, toujours en furie, le gosse est impossible à calmer. Je rappelle tout le monde. Le gosse se barre à nouveau dans la cour, une collègue l'accompagne. Ça fait déjà près d'une demi-heure qu'on est mobilisées par ce gosse qui pète un plomb, gosse signalé dès le début de l'année et resignalé au maître G qui était trop occupé avec les 2 gamins qu'il vient voir individuellement chacun 30 minutes dans la semaine (Que fait-il le reste de la matinée où il est là? Mystère ...), parents vus en équipe éducative aussi, mais qui pensent qu'aller consulter n'est pas nécessaire et qui pensent que le problème vient des enseignants, gamin qui joue à ce fléau qu'est Fortnite pendant de nombreuses heures la nuit. Bref, nous on savait qu'on avait une petite bombe devant nous, il a déjà explosé plusieurs fois dans l'année, là c'est le bouquet final.

Ça commence à être lourd, j'ai des tonnes de trucs à faire, ma collègue a laissé sa classe en autonomie, je déboule dans la cour vide, ma collègue parle avec Eloïc dans un coin, j'ai l'inspectrice au téléphone qui me dit de le contenir physiquement, je lui réponds que le gamin est du genre costaud donc que je risque de lui faire mal et que je ne suis pas payée pour ça. Elle semble d'accord. Elle me dit de demander à 2 autres collègues de répartir leurs élèves pour venir nous aider ( ????!!! Pfffff ...), je m'adresse à Eloïc en lui disant qu'il va bien falloir qu'il finisse par m'écouter et m'obéir parce qu'il ne peut pas se comporter comme ça. Il me répond mal et crie. Je lui hurle dessus que c'est inadmissible et que ça commence à bien faire, j'ai toujours l'inspectrice au téléphone en stand by et là derrière moi j'entends une voix : 

- Mesdames, s'il vous plaît?

Je me retourne, il y a une dame dans la rue, de l'autre côté du grillage de la cour. Elle a donc assisté à cette dernière scène. Je la regarde, toujours mon téléphone sur l'oreille.

- Où est la rue des moulins s'il vous plaît?

Sans déc?

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Manitas de la Bitas

Publié le 8 Juillet 2019 par KRo

Ça y est, on a rendu les élèves à leurs parents, reste à bosser tranquillement ...

Mais il faut que je vous raconte la préparation de notre spectacle de fin d'année avec l'intervenant en musique, Jean-Michel Amoitié.

Le gars, un nouveau venu dans l'école de musique locale, a commencé ses interventions auprès de nos élèves de cycle 3 en février. Au début, avec les collègues on le trouvait gentil et calme, bon ... et puis il a commencé à être absent, plusieurs fois, ça, faut pas se mentir, ça nous a gonflé, surtout la fois où il n'a pas pu venir de toute la journée parce qu'il avait un pneu crevé, deux peut-être ... enfin bref, les transports en commun, uber et tout le reste ça sert à ça aussi, sinon prends ton vélo mon gars!

Mais surtout, on s'est rendues compte, chacune dans nos classes, qu'il était un peu étrange comme professeur de musique et chant:

  • Il ne chantait pas, ou alors il fredonnait légèrement, un peu comme certaines personnes lorsqu'elles ont un casque sur les oreilles pour écouter leur musique, rien donc qui soit susceptible d'emmener toute une classe de CM à rentrer en transe par le chant.
  • Il n'utilisait aucun geste pour diriger la chorale, pas de départ, pas de fin, les gamins devaient démarrer en suivant ceux qui ont le rythme et avaient repéré où commencer sur la bande son et puis s'arrêtaient à peu près quand ils le sentaient. De toutes les façons, la fin des chansons c'était pas son truc à Jean-Michel Amoitié, alors il était content quand même.
  • Pour autant, il ne les accompagnait pas au piano non plus, ce qui aurait pu justifier qu'il n'ait plus de main pour diriger le chœur, et encore, un petit signe de la tête ou un "3-4" avant de démarrer aurait pu faire l'affaire, mais non.
  • Il avait, semble-t-il, des velléités pour les accompagner à la guitare mais bon c'était pas une bonne idée ça la guitare, hein, parce qu'il avait dû commencer la guitare en février et même en possession de tous ses doigts, c'était pas Django. Donc il sortait souvent sa guitare maiiiiiiis, il sortait souvent sa guitare quoi, ça lui faisait plaisir.
  • Il ne leur apprenait aucune chanson en entier, donc au mieux, les élèves ont appris les 2 premiers couplets et le refrain de plusieurs chansons, et puis après il passait à une autre, c'était étrange. En plus dès fois il s'excitait façon Cartman dans Southpark et il leur disait "vous ne connaissez pas les paroles!", ben non, c'était une évidence.
  • Il a même tenté le coup de leur faire chanter une chanson en espagnol, sans parler espagnol et sans avoir préparé le truc, donc accent tout pourri et traduction aléatoire (moi je ne parle pas espagnol non plus mais je connaissais la chanson alors j'entendais bien que c'était pas terrible terrible).
  • Puis, la cerise sur le sundae, il leur a fait apprendre une chanson en anglais que visiblement il ne connaissait pas du tout, tout en ne parlant pas plus anglais et en n'ayant pas plus potassé le dossier. Donc traduction de "You're gonna miss me by my hair", "Tu me manqueras par mes cheveux", quand il a dit ça, j'étais en fond de classe, j'ai mes oreilles qui se sont mises à saigner. Bon ... lui était confiant à l'évidence.

Enfin bref, à deux semaines du spectacle nous, les enseignantes, on était pour le moins dubitatives. On lui a causé organisation, besoin de matériel, répétitions multiples ... le gars était sur de la grosse grosse confiance, il préférait voir ça au dernier moment. Bon ... moi j'ai rien contre les gens qui se prennent des portes dans la gueule parce qu'ils apprécient les surprises alors ...

Alors le jour de la générale, c'était stupéfiant. Avec mes collègues on a fini par s'asseoir pour le regarder se manger la porte en pleine face, parce que même ce qu'on essayait de cadrer, nous, pour pas que ce soit le bazar (plus de 100 gamins debout sur une scène exiguë sans aucune consigne préalable, au bout de 10 minutes, c'était l'enfer), lui n'en voulait pas. Lui, il était confiant. Il a commencé à les faire chanter après qu'ils aient passé une heure entière debout puis assis, puis debout, devant puis derrière, puis debout sur des bancs et puis non, et puis si, et puis ... résultat c'était horrible, j'ai plusieurs plombages qui ont sauté. Lui, il était confiant. A un moment il s'est mis à faire des gestes de chef de chorale, on était étonnées, les élèves, eux, n'en avaient pas l'habitude donc ils ont continué à regarder à droite, à gauche, au sol, en l'air et à commencer à chanter quand ils en avaient envie. Bon, en même temps, ça n'a pas duré, après il a attrapé sa guitare, c'est là où nous on s'est dit que pour faire les deux en même temps c'était peut-être Manitas de la Bitas. Finalement, quand il s'est aperçu tout seul que c'était compliqué, il l'a reposée ... Une demi-heure plus tard, il a décrété que ça suffisait, que c'était bien. Il était confiant. Nous on lui a dit que c'était horrible et qu'il fallait absolument prévoir une autre répétition générale. Il a hésité et puis finalement, après discussion quand même, a pensé que cela pouvait avoir un intérêt. Enfin surtout, je crois qu'il voulait nous faire plaisir parce qu'à un moment, à la fin de sa répétition, il a fini par sentir tout d'un coup que nous 4, les enseignantes, on était au fond du seau, atterrées par tant de nullité, perspicace le mec.

Lui, il était confiant, il était confiant, en attendant, il suait tellement du derche qu'il a d'abord eu la raie puis tout l'arrière de son pantalon trempé, j'avais jamais vu ça, et c'était pas encore la canicule!

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