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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Connaissez-vous Dibill?

Publié le 22 Octobre 2015 par KRo

Dibill-le-débile c'est son nom de roi fainéant. En fait ce n'est pas son vrai nom mais son vrai nom n'existe pas, c'est une pure invention validée par un fonctionnaire de l'état civil sans doute bourré ou bien extrêmement malicieux et malveillant et en plus son vrai nom rime avec teubé ce qui le prédestinait sans doute à être un élève pertinent et subtil.

En tous les cas, un jour de mai dernier où nous étions nous aussi sans doute des fonctionnaires bourrés, nous avons décidé en réunion de permettre à Dibill de redoubler. Oui, nous les hussards noirs de la République nous avons senti bouillonner en nous l'importance d'un maintien pour permettre à cet enfant de savoir un peu mieux lire et compter.

Bon et bien on n'aurait mieux fait de se casser un orteil ou tout simplement de vraiment ouvrir une bouteille pour fêter son départ parce que là, maintenant, cette année, Dibill est dans ma classe et franchement, c'est une énigme !

Enfin, une énigme, j'exagère, je connais le problème. Le problème c'est que Dibill a été absent 25 demi-journées sur 61 depuis la rentrée. Mais pourquoi nous fait-elle ce décompte à la demi-journée la vilaine? Parce que pour Dibill, l'école ce n'est pas à la journée. Ce n'est pas comme s'il avait manqué quasiment 3 semaines de classe sur 7 parce qu'il était sérieusement malade. NOOOON, Dibill des fois il vient ... et des fois ... il n'vient pas. Dibill des fois il ne vient pas le matin ... mais l'après-midi ... il est là ! C'est toujours une surprise, comme ça c'est encore plus pratique de lui préparer du boulot à faire qui soit totalement décroché de celui des autres parce que les autres ça fait déjà 3 ans au moins qu'ils savent lire et faire des additions et des soustractions avec des nombres à plus d'un chiffre !

Et vendredi matin, je ne l'avais pas vu depuis 2 jours et là, il était là, bon ben donc je l'ai fait bosser comme je pouvais hein. Et puis à midi, au portail, sa mère m'a demandé s'il pouvait prendre ses affaires parce que là, il devait aller à un enterrement et donc il ne pourrait pas revenir l'après-midi, vous comprenez. J'ai dit oui bien sûr, ils ont tellement de gens qui meurent dans cette famille c'est hallucinant, une hécatombe ma pauv' dame. De toutes les façons, ce n'est pas compliqué, soit ils ont un problème de voiture, soit ils doivent aller, ou sont, ou ont passé, la nuit à l'hôpital parce que quelqu'un est gravement malade (et attention hein, c'est toujours gravement, jamais rien de bénin, toujours un vache de truc grave), soit bon ben là, ils doivent se rendre à un enterrement.
Ah je peux vous dire que je ne serais pas tranquille si je devais faire partie de cette famille, les jours où ta voiture démarre, tu dois vraiment flipper à mort de savoir si du coup tu vas pas te retrouver à l'hosto ou carrément passer l'arme à gauche.

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Patibu et Atrabi Laires

Publié le 14 Octobre 2015 par KRo

A peine ai-je ouvert mon bureau, ça sonne au portail ... mmmhh pas encore bu de café, laissez-moi ... des parents avec lesquels j'avais oublié que j'avais rendez-vous, shit!

Bon et bien allons-y, ils s'installent dans le bureau, les enseignantes des enfants arrivent et je n'ai pas encore atteint mon fauteuil que déjà j'ai l'impression d'être attaquée au lance-flammes. Je me jette sous mon bureau dans une roulade digne de John McCLane et commence à ouvrir le feu et puis je réalise rapidement que non, là, avec ces 2 là, ce n'est pas la bonne tactique parce que déjà elle me submerge de paroles et lui répète en mantra qu'il est très très énervé.

J’atteins mon fauteuil et commence à leur parler doucement, technique de petit scarabée habile. Ça fonctionne à peu près, enfin en tous les cas la situation n'empire pas mais on ne peut pas dire vraiment qu'elle s'améliore : elle, elle parle beaucoup, BEAUCOUP et fort, très très FORT, lui, continue de dire qu'il est énervé, TRÈS énervé envers moi, envers l'école, envers tout et ajoute (véritablement!) qu'il ne peut plus supporter les ronds orange ou rouges indiquant dans le cahier de liaison que son fils ne s'est pas bien comporté dans la semaine. C'est stupéfiant quand même, le gars ne se demande pas comment faire pour aider son fils à mieux se comporter mais il implore pour que les ronds de couleurs CHAUDES cessent. Il n'en peut plus, en plus, quand il les voit, bon ben il est OBLIGÉ de lui donner une fessée, donc bon, c'est un "ancien boxeur, (il sait) doser sa force" mais tout de même.

En fait au départ ils sont là parce que l'on soupçonne une propension à la raclée dans la gueule, enfin non, soyons exacts, plus vraiment dans la gueule maintenant, mais c'est "pour pas nous faire la honte avec les cicatrices" ils nous ont dit les mômes, alors ils préfèrent porter leurs coups sur les fesses ou les cuisses. Bien, bien, bien, bien ... Donc on est là pour y voir plus clair, juste pour faire les choses comme il le faut, juste pour être dans le cadre légal, pour ne pas voir notre futur signalement classé sans suite. On fait tout bien dans l'ordre. Et eux?

Eux, ils viennent pour ça, ils le savent, et qu'est-ce qu'ils nous offrent comme spectacle? Elle, complètement azimutée, logorrhéique; Lui, près à exploser et assurément inepte. Bonjour le tableau! Et dans tout ce brouhaha, à un moment, ils se synchronisent mais c'est juste pour se lancer pendant 3 min 32 dans un numéro de duettistes sur le thème "Ah nous le gars qu'avait mis son gamin dans le lave-linge, ça nous a rendu fous!". Oui, alors on n'en est pas là hein, mais votre attitude là ce matin est pour le moins interpellante. Et lui trouve bon d'ajouter : "Moi j'avais envie d'y aller pour le taper!". Ah ben oui, tout de suite ça rend complètement crédible votre ligne de défense qui consiste à dire que vous n'êtes pas DU TOUT une famille violente, c'est indubitablement évident, je dirais même plus : limpide.

Ils devaient repartir parce que lui il travaillait (nous non, comme d'hab, toujours prêtes pour le fun et un bon petit rendez-vous plaisir avec des gens trop sympas pour commencer la semaine ...). Quand j'ai refermé la porte derrière eux, je me suis rendue compte qu'en fait on ne s'était rien dit, tout juste avais-je placé les mots "apaisement", "calme" et "psychologue scolaire" mais sinon ils sont repartis comme ils étaient venus : bruyants, éparpillés, patibu- et atrabilaires. Un franc succès donc, il va forcément falloir s'y recoller et un peu plus de 20 minutes si on veut arriver à passer derrière l'écran de bruit et d'agitation et arriver à nos fins pour aider leurs mômes. Ah ça, comme j'aime à dire : on n'a pas encore sorti le cul des ronces!

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