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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Patibu et Atrabi Laires

Publié le 14 Octobre 2015 par KRo

A peine ai-je ouvert mon bureau, ça sonne au portail ... mmmhh pas encore bu de café, laissez-moi ... des parents avec lesquels j'avais oublié que j'avais rendez-vous, shit!

Bon et bien allons-y, ils s'installent dans le bureau, les enseignantes des enfants arrivent et je n'ai pas encore atteint mon fauteuil que déjà j'ai l'impression d'être attaquée au lance-flammes. Je me jette sous mon bureau dans une roulade digne de John McCLane et commence à ouvrir le feu et puis je réalise rapidement que non, là, avec ces 2 là, ce n'est pas la bonne tactique parce que déjà elle me submerge de paroles et lui répète en mantra qu'il est très très énervé.

J’atteins mon fauteuil et commence à leur parler doucement, technique de petit scarabée habile. Ça fonctionne à peu près, enfin en tous les cas la situation n'empire pas mais on ne peut pas dire vraiment qu'elle s'améliore : elle, elle parle beaucoup, BEAUCOUP et fort, très très FORT, lui, continue de dire qu'il est énervé, TRÈS énervé envers moi, envers l'école, envers tout et ajoute (véritablement!) qu'il ne peut plus supporter les ronds orange ou rouges indiquant dans le cahier de liaison que son fils ne s'est pas bien comporté dans la semaine. C'est stupéfiant quand même, le gars ne se demande pas comment faire pour aider son fils à mieux se comporter mais il implore pour que les ronds de couleurs CHAUDES cessent. Il n'en peut plus, en plus, quand il les voit, bon ben il est OBLIGÉ de lui donner une fessée, donc bon, c'est un "ancien boxeur, (il sait) doser sa force" mais tout de même.

En fait au départ ils sont là parce que l'on soupçonne une propension à la raclée dans la gueule, enfin non, soyons exacts, plus vraiment dans la gueule maintenant, mais c'est "pour pas nous faire la honte avec les cicatrices" ils nous ont dit les mômes, alors ils préfèrent porter leurs coups sur les fesses ou les cuisses. Bien, bien, bien, bien ... Donc on est là pour y voir plus clair, juste pour faire les choses comme il le faut, juste pour être dans le cadre légal, pour ne pas voir notre futur signalement classé sans suite. On fait tout bien dans l'ordre. Et eux?

Eux, ils viennent pour ça, ils le savent, et qu'est-ce qu'ils nous offrent comme spectacle? Elle, complètement azimutée, logorrhéique; Lui, près à exploser et assurément inepte. Bonjour le tableau! Et dans tout ce brouhaha, à un moment, ils se synchronisent mais c'est juste pour se lancer pendant 3 min 32 dans un numéro de duettistes sur le thème "Ah nous le gars qu'avait mis son gamin dans le lave-linge, ça nous a rendu fous!". Oui, alors on n'en est pas là hein, mais votre attitude là ce matin est pour le moins interpellante. Et lui trouve bon d'ajouter : "Moi j'avais envie d'y aller pour le taper!". Ah ben oui, tout de suite ça rend complètement crédible votre ligne de défense qui consiste à dire que vous n'êtes pas DU TOUT une famille violente, c'est indubitablement évident, je dirais même plus : limpide.

Ils devaient repartir parce que lui il travaillait (nous non, comme d'hab, toujours prêtes pour le fun et un bon petit rendez-vous plaisir avec des gens trop sympas pour commencer la semaine ...). Quand j'ai refermé la porte derrière eux, je me suis rendue compte qu'en fait on ne s'était rien dit, tout juste avais-je placé les mots "apaisement", "calme" et "psychologue scolaire" mais sinon ils sont repartis comme ils étaient venus : bruyants, éparpillés, patibu- et atrabilaires. Un franc succès donc, il va forcément falloir s'y recoller et un peu plus de 20 minutes si on veut arriver à passer derrière l'écran de bruit et d'agitation et arriver à nos fins pour aider leurs mômes. Ah ça, comme j'aime à dire : on n'a pas encore sorti le cul des ronces!

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Mais ils sont où?

Publié le 29 Septembre 2015 par KRo

Mais ils sont où? Mais ils sont où? Mais ils sont où les parents chiants?

J'me disais aussi que c'était étrange de ne pas encore avoir trop été emmerdée. La saison est tardive cette année, peut-être à cause du réchauffement climatique. Faut que j'en parle à Nicolas Hulot.

Enfin toujours est-il que ça y est ils ont commencé à arriver, la grande migration automnale est en marche, je sais pas trop d'où ils partent mais ils sont bien arrivés chez moi.

Aujourd'hui, 4 spécimens :

Tout d'abord celui qui me file une liste de candidats aux élections des parents d'élèves qu'on dirait la liste des gens qu'il voudrait inviter à son anniv. T'es gentil mon pote, veux pas faire trop trop la pointilleuse là, mais les gens sur ta liste, ils le savent qu'ils sont candidats? Oui parce que c'est pour ça qu'on les fait signer tu vois et accessoirement qu'on utilise le bon document envoyé par l'inspection. Tu utilises le bon doc, y'a qu'à remplir les colonnes tout comme c'est indiqué, ça prend pas plus de temps et "vous serez bien gentil car j'aurai pas à repasser après vous. Mais oui, mais oui madame ! Taï na na na na na na, taï na na na na na na..."

Ensuite, ceux qui m'envoient, avec 25h30 de retard, la femme de ménage pour l'inscription du gamin. Oui, papa était occupé et maman indisponible ... euh ... celle-là on ne me l'avait jamais faite. J'ai eu des grands-frères, des grands-mères mais l'employée de maison alors là, c'était une première. "Je crois que ça ne va pas être possible". Mais dites-moi, cette dame en face de moi elle ne ressemblerait pas un peu à Marcel Beliveau? La moustache peut-être ou l'accent canadien ...

Et puis il y a celle qui me bouffe 45 minutes de ma pause déjeuner pour me dire qu'elle est très inquiète parce qu'elle trouve que ses enfants (dont un en CP) n'ont pas assez de devoirs. Moi je croyais au début qu'elle venait me voir parce qu'elle était très inquiète parce qu'elle avait réussi à engendrer deux petits cons suffisants, et ben en fait non, pas du tout. Raté. Le problème c'était les devoirs. Ah bah l'autre, à l'école, des devoirs, tout le monde en donne un peu aux enfants mais en revanche des enfants aussi pénibles, c'est pas donné à tout le monde!
Surtout que ce qui a été bon au bout de 45 minutes c'est quand elle m'a dit que elle, elle travaillait (moi comme d'hab, je me chtirlipote le schmilblick toute seule sous ma tente) et qu'elle récupérait ses enfants à 18h30 souvent donc que bon, les devoirs après ça faisait beaucoup pour la journée et que nous à l'école, ce serait bien qu'on organise un truc pour leur faire faire avant. Là aussi, je lui ai trouvé une ressemblance avec Jean-Yves Lafesse ... j'ai comme un doute.

Et sinon pour la route, il y a le papa qui donne le dernier jugement du juge aux affaires familiales à la maîtresse et avec, un courrier dans lequel il lui dit que tout va bien, son avocate est d'accord pour que l'enseignante n'observe pas les prescriptions de la juge aux affaires familiales qui ne l'arrangent pas lui, donc c'est bon. Ah ben oui, ça me paraît très clair, c'est bon si l'enseignante est masochiste ou si elle a vraiment très envie de se retrouver devant le juge à lui dire "Fuck ton jugement!". Là effectivement dans ce cas là, c'est bon! Dans les autres cas c'est illégal mais bon qui ça intéresse?
Ceci étant dit, il est un peu con le gars tout de même, s'il ne voulait pas qu'on suive les prescriptions du jugement, il n'avait qu'à pas nous dire qu'il y en avait un, autant se tirer une balle dans le pied juste avant un ultra trail! Ah oui ça picote quand même, ah mais oui mais c'est moi qui l'ai tirée, ah d'accord, mais ça picote un peu quand même, ouille ...

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T'as beau pas être beau

Publié le 26 Septembre 2015 par KRo

Hier j'avais un mot d'un parent écrit sur une feuille de cahier déchirée, le gosse me l'a remis pour excuser son absence de la veille et il y avait écrit :

NOM : Crado

PRENOM : Walid

ABSENCE du 24/09 9h au 25/09 9h

MOTIF : Laid (elle voulait dire "fête de l'Aïd")

J'ai trouvé que c'était très bien que lorsqu'elle le trouvait vraiment trop moche, sa mère ne nous l'impose pas, c'est fort aimable de sa part.

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Manu Militari

Publié le 23 Septembre 2015 par KRo

Ce qui est bien avec la rentrée c'est que tu retrouves ta baraque exactement dans l'état où tu l'as laissée. Pendant les vacances il n'y a pas eu de magie, les collègues chouettes qui devaient partir ne se sont pas restés, ceux dont la gueule ne te revient pas sont quand même bien arrivés là, la poussière qui était là en juillet sur tes étagères est bien là en septembre et les élèves que tu aurais voulu oublier sont bien là eux-aussi avec leurs parents et leurs problèmes et inversement.

Tout ça pour dire que notre ami Manu qui se baladait en juin dans ma classe avec la poubelle sur la tête est toujours là et grâce aux services de soins qui n'ont pas fait l'an dernier leur boulot comme il faut, toujours sans aucune aide. Grâce à notre opiniâtreté, ce gamin a obtenu une reconnaissance de son handicap et des aides ont été accordées, mais pour le moment, on attend que celles-ci soient effectives. Et vu que y'a que les gosses et nous que ça perturbe et bien on en est là, une main devant, une main derrière comme qui dirait!

Alors lundi, j'étais au bureau et d'un coup j'entends gueuler Mme Cédepé, sa chanceuse enseignante pour cette année. Je me dis "Vas-y, va le chercher pour soulager un peu la classe et montrer au gosse qu'on ne peut pas tout lui laisser faire".

J'entre dans la classe :

- Allez Manu, tu vas venir avec moi.

Lui, tout en jouant à cache-cache, si tu vas à droite je vais à gauche de la table et inversement :

- Naan, j'ai pas envie de venir avec toi.

- Ah mais moi non plus je n'ai pas VRAIMENT envie que tu viennes avec moi, mais tu vois là, dans la classe tu fais trop de bruit, tu empêches tout le monde de travailler.

Il s'en va se coincer derrière une table contre un radiateur, je lui chope le bras, il se jette au sol pour essayer de m'échapper, se cogne la tête au passage au radiateur, s'écroule. Je lui attrape le poignet gauche, il se débat comme un possédé, je lui attrape la cheville gauche, sa maîtresse fait de même à droite, lui est en plein exorcisme, il hurle, se tord dans tous les sens, on se retrouve à le passer par dessus élèves et cartables, lui tendu comme un arc, renversé complètement en arrière, la tête vers le bas.

On arrive à mon bureau, on le pose au sol, ma collègue retourne récupérer sa classe sous le choc, et elle dans le même état. Je me retrouve avec ce gosse allongé sur le lino, moi en mode "Vis ma vie de chasseur de gnous", j'ai un genou sur lui pour le contenir, j'essaie de lui parler calmement mais je sens que j'ai la tension à 25/15. Doucement je libère mon emprise et lui, de sa petite voix de gamin de 7 ans il me lance :

- Toi, je ne t'adrESse plus la ParOle! avec un accent à la Pagnol, genre "Tu me fends le cœur!".

J'ai envie de rire mais sur le moment, la tension est la plus forte. Je le laisse, retourne m'asseoir et lui se carapate sous des chaises et une table basse qui sont contre le mur. Il s'étend là.

15 à 20 minutes plus tard, je lui propose de retourner en classe en lui indiquant que je serai obligée de revenir le chercher s'il ne se tient pas bien. Il promet. Personne n'y croit je pense mais bon, c'est ce qu'il faut dire alors...

A peine 15 minutes plus tard je suis de retour, rebelote, là on l'extrait de la classe et on le pose dans le couloir. Comme il se débat et ne veut toujours pas venir, je me vois obligée de le tirer par les bras, j'ai l'impression d'être un homme de Cro Magnon qui ramène son gibier. Là, petit moment surréaliste, si je puis dire, je croise dans le couloir les 2 mômes d'une collègue qui s'en vont gaiement faire une photo de fratrie, oui c'est le jour de la photo de classe :

- Salut les gars, ça va?

L'autre est au sol, il grogne, crie "Sauvez-moi!". J'arrive à l'emmener jusqu'à mon bureau, le lâche et là il me dit :

- AlORs là, ma ParOle, c'est sûr que là, je ne t'adrESse plus JAMais la ParOle!

Le sketch ...

5 minutes plus tard il était assis sur une des chaises et il me disait :

- Euh, dis madame la directrice, ça fait combien de temps que je suis là? une demi-heure? trois quarts d'heure?

- 5 minutes! ça fait 5 minutes ...

Et il a continué à me taper la discute comme si de rien n'était, comme si on était là tous les 2 dans une salle d'attente, tranquilles.

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