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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Premier et deuxième trimestres

Publié le 11 Mars 2015 par KRo

On voit poindre la fin du deuxième trimestre et là on réalise que c'est le moment où on ne peut plus blairer certains gosses.

En septembre, ça va, les chiants sont chiants mais tu es frais, reposé, bourré de tout plein de vitamines grâce aux fruits d'été, au soleil et un peu encore bourré tout court de tous les apéros pris pendant les vacances. Bref, tu es zen et tu te dis : "Ouais, eux je vais les gérer, je vais y arriver." et secrètement tu espères être L'enseignant qui saura y faire, celui dont la personnalité et la pédagogie conviendront aux gamins et leur permettront de s'apaiser et d'enfin devenir élèves, celui qui sera cité dans leurs interviews quand ils deviendront célèbres et qu'ils diront qu'un enseignant les a sauvés.

En novembre, tu tiens bien le coup, les chiants n'ont toujours pas compris les règles de bases comme lever le doigt pour demander la parole, ne pas parler sans arrêt à tort et à travers, ne pas faire de commentaires sur tout ce qui se passe, écouter et appliquer les consignes, ils écrivent toujours hyper mal et pas sur les lignes et les parents disent "Ah ben je ne sais pas comment vous faites, vous avez du courage" et "Ah ben moi j'arrive pas à le lire, hein". Mais tu y crois encore, il te semble entrevoir un frémissement, tu te dis que ce sont des gosses après tout, tu t'imagines malgré tout que ça ne doit pas être simple d'être leur parent. Tu es encore dans l'empathie quoi.

En janvier, là tu commences à vraiment réaliser que cela fait déjà 4 mois que tu insistes sur les mêmes règles de vie, que tu répètes les mêmes consignes de travail et les conseils et que les chiants s'en cognent toujours autant (et tu sais au fond de toi que d'autres l'ont fait des années durant auparavant, alors le "frémissement", mon cul, mais bon tu persévères, tu t'accroches, tu ne veux pas ne pas y arriver).
Mais honnêtement, sauf problème d'ordre médical, voire psychiatrique, quelle peut être la raison pour laquelle un gamin ne peut pas appliquer des règles simples comme "Range-toi, tais-toi, travaille dans le calme, souligne la date et écris ton putain de prénom en haut de ta feuille!". SANS DECONNER, on a fait des expériences sur leur fœtus ou quoi? Ils ont été croisés avec des poissons rouges! Non mais c'est dingue. Tu leur dis de se taire et t'as pas fini ta phrase que ceux-là sont déjà en train de parler. Mais tu veux une claque dans ta tête ou quoi? Qu'est-ce qui fait qu'un gosse ne se sent pas concerné tant que tu n'es pas en train de lui parler à lui et à lui seul en l'obligeant à te regarder dans les yeux? NON MAIS c'est une VRAIE question, ils ont été élevés par des hyènes ou quoi? C'est quoi le quotidien à la maison? Du bruit en permanence, des images qui défilent dans un zapping permanent, des gens qui hurlent, c'est Orange Mécanique leur choix de vie à ces familles?

Pour le moment, t'es encore en capacité, alors tu compatis.

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Dis donc toi

Publié le 4 Mars 2015 par KRo

Ah oui et sinon j'ai vécu un petit moment de solitude aussi pendant cette inspection.

C'était toujours dans mon bureau, toujours pendant mon échange avec l'inspecteur à propos du travail de directrice, toujours à un moment où il me disait à quel point j'étais géniale (n'en fais pas trop ma poule, certains pourraient tiquer là si tu continues), il me disait qu'il me pensait honnête dans mes rapports avec l'inspection. Alors là, moi je ne pensais pourtant pas m'emballer spécialement hein, j'ai répondu souriante : "Oui, je trouve qu'on fonctionne bien."

Et bien visiblement je n'ai pas tout maîtrisé, vu qu'il m'a répondu, un peu gêné : "Oui, je ne sais pas si on peut se dire ça ici." et a enchaîné sur la confiance, bla, bla, bla.

???? Ah bon? Mais qu'est-ce qu'il a compris? Ça ne se dit pas ça "on fonctionne bien"? Je ne vois pas le problème !?

Bref je me suis sentie hyper mal dans les minutes qui ont suivi, j'ai eu l'impression d'avoir fait une annonce pour une soirée à la Omar et Fred avec mon loup sur les yeux. LA HONTE!

Note pour plus tard : me rappeler de ne jamais avoir l'idée saugrenue de lui montrer mes seins dans le but de me sortir d'une situation délicate ou bien prévoir un défibrillateur.

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Feu Geneu

Publié le 4 Mars 2015 par KRo

Ça faisait 7 ans déjà, 7 ans de réflexion en somme, et puis là c'est tombé, j'ai été inspectée. Evidemment j'étais pas mal stressée, normal me connaissant, mais bon au final je suis plutôt contente de moi parce que je ne me suis pas mis la pression outre mesure non plus.

Mais tout ça, je vous connais, vous vous en foutez, ce qui vous intéresse c'est le moment où il a failli y avoir une couille dans le potage, bande de hyènes!

Nous en avions fini avec la partie enseignante et étions au beau milieu de l'aspect boulot de directrice de mon inspection, l'inspecteur avait regardé moulte classeurs et archives et faisait un peu le point. Il était en train de me dire combien il me faisait confiance et que mon école tournait bien (ouiiiiiiiiiiiiii, flattez-moi mon bon Blaise), il me parlait de la gestion de l'équipe et là il me dit qu'un indicateur, à son sens, c'est le fait que les débutants ne se plaignent pas auprès de lui de leur accueil dans l'Education Nationale au niveau de l'école (dans mon école on a chaque année au moins un ou deux débutants, stagiaire ou première année).

C'est à ce moment là qu'un petit ange sur mon épaule gauche a commencé à murmurer : "Euh ... admettons qu'on fasse l'impasse sur Claudine, la Geneviève Labataille quand même, on peut pas la considérer comme une réussite, si? Tu devrais le lui rappeler, je pense."

Et le démon sur l'autre épaule a dit : " Hein? Non? Quoi? T'es con ou quoi, lui dis rien, tu vas quand même pas tendre le bâton ..."

"- Je crois que vous oubliez Geneviève Labataille, monsieur l'inspecteur.

- Mais siiiiii, Geneviève Labataille enfin, rappelez-vous, il y a 2 ou 3 ans là ... les ballerines avec des soquettes ... 53 ans ... un cul taillé comme la porte d'Aix ... non? vous voyez pas? Mais si, la coupe à la Desireless sur le retour, le type, euh, le type ... ben je ne sais pas trop, dans quel coin du monde on peut bien fabriquer ce type de bonne femme dis donc, je sais pas moi, on va dire au physique atypique... bon vous ne voyez toujours pas, vous n'y mettez pas du vôtre quand même, hein, allez ... le menton qui tremble, ça ne vous dit rien ça, le menton qui tremble?

- AAAH vous voyez, bon ben elle a démissionné au bout de 4 mois celle-là quand même! Malgré ce qu'avait écrit notre collègue de l'époque Jo l'indien dans un de ses e-mails déjantés dont elle avait le secret, ce n'était pas vraiment ma faute, mais bon, on ne peut pas parler de réussite non plus!

- Oui c'est sûr que la Geneu niveau classe c'était plus Geneviève qui tue que Geneviève Lethu hein, et elle n'était visiblement pas taillée pour le métier, elle croyait pouvoir être à la cool en quittant son boulot d'ingénieur, elle a bien morflé, mais bon, c'était plutôt bien pour tout le monde qu'elle arrête les frais en fait. Certes je n'ai jamais été trop aimable (il paraîtrait, selon une certaine source peu fiable, que la seule fois où j'ai été sympa c'était le jour où je lui ai indiqué où trouver du papier de couleur dans notre réserve, 1 minute sur 4 mois c'est sûr c'est pas des masses) mais je ne l'ai pas non plus poussée dans l'escalier, faut pas abuser."

Au final, ange et démon se sont embrouillés dans ma tête, je ne sais plus bien qui a dit quoi d'ailleurs, et moi j'ai pris soin de fermer ma bouche pour une fois. On va dire que j'ai bien fait.

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Calcul mental

Publié le 1 Mars 2015 par KRo

Petite séance de calcul mental, les élèves prennent leurs ardoises, je commence à dire les calculs et comme j'en vois certains les écrire et que cette fois je veux vraiment qu'ils essaient de visualiser l'opération dans leur tête, j'ajoute : "De tête! Essayez de les faire vraiment de tête."

Au premier rang, j'entends Bobby qui murmure et répète, un brin étonné : "de tête, de tête, de tête".

Certains s'exécutent, je vois ça et là ressortir le calcul sur les doigts, d'autres continuent à avoir besoin d'écrire au moins les nombres que je dicte, et Bobby, lui, dessine. Alors ce qui est bon c'est que quand je donne le signal pour que les ardoises soient levées, il la lève aussi et me montre fièrement ses dessins.

La séance continue, les calculs et corrections s'enchaînent et Bobby, aussi appelé celui-qui-ne-savait-toujours-pas-écrire-son-prénom est vraiment tout content, il est même radieux à chaque fois qu'il lève son ardoise. Au bout de quelques minutes, après avoir tenté de l'ignorer, je trouve que ça commence à bien faire, qu'il ne veuille pas faire le travail adapté à son niveau de début CP faible, c'est une chose, mais qu'il dessine des monstres sur son ardoise pendant un quart d'heure et perturbe la classe en les montrant, ça commence à me saouler. Je lui demande pourquoi il fait ça et là il me regarde avec ses petits yeux tout brillants de petit clébard et dit : "Tu as dit 2 têtes, alors je fais des monstres à 2 têtes!"

Oh punaise, il a 10 ans le gosse. La misère, la misère, ça voulait dire, il sait pas lire, la misère, la misère, il ne comprend qu'un mot sur deux.

J'ai enchaîné avec une explication avec toute la classe sur la différence entre "de" et "deux" (hop homophones, bon vieux rebondissement de maîtresse, tin lin lin) mais j'ai perdu Bobby au moment où je disais : "Ah! alors les enfants, quand je dis "Calculer de tête", le de il s'écrit comment?". Là il a dû se dire que "Lézenfant" ça voulait dire que ce que je disais ne s'adressait pas à lui parce que lui son prénom c'est Bobby et il s'est mis à colorier des petits personnages découpés dans du papier brouillon.

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