Ce matin, ENCORE ces parents qui veulent me parler, encore les mêmes, quand je les ai vus j'ai eu envie de courir, loin, loin, mais non, je suis revenue vers eux, mais je ne les ai pas fait entrer dans mon bureau, je sais ce n'est pas bien, mais l'idée c'était qu'ils ne s'installent pas. Alors là dans le couloir pour la 5ème, 6ème, 7ème fois cette année, je les ai encore écoutés me raconter combien leur fille était martyrisée par tout le monde. Des fois il y a des variations, c'est que elle qui vient, mais le discours est toujours le même. Au début, j'essayais de converser, mais là non, là j'ai jeté l'éponge, j'écoute en guettant le moment où je pourrai placer un mot ou une phrase qui me permettra de les raccompagner jusqu'au portail. Bref, elle me parle de sa fille,me parle, me parle et moi dans ma tête j'entends "Tu m'fais trop pitié tu m'saoules vas-y parle à ma main, si t'as pas compris ça veut dire oublie moi hein hein, j't'écoute pas, t'existes pas donc vas-y parle à ma main, si t'as pas compris ça veut dire non merci hein hein." J'ai juste envie que ça s'arrête, mais même la sonnerie automatique n'y fait rien, elle parle, il parle, elle re-parle ... QUE QUELQU'UN M'ACHÈVE! S'il vous plaît!
Cette gosse est mytho, mytho, mytho, hier quand elle a pris ce coup sur le doigt (oui cette fois elle a pris un coup donné par une force extérieure et non pas par ce démon intérieur qui la fait se jeter par terre dans la cour quand elle croit qu'on ne la voit pas), elle hurlait tellement fort en se roulant par terre qu'il nous a fallu plusieurs minutes pour comprendre qu'elle avait mal ... au doigt. D'ailleurs, ses parents m'ont bien dit que son doigt était "presque cassé", ça veut dire quoi ça médicalement "presque cassé"? parce que pour moi PRESQUE cassé ça veut dire pas cassé du tout, ça veut dire tordu par exemple.
Rah la la, je ne peux plus, je ne peux plus, et pourtant, malgré mon caractère explosif je sais trouver des trésors de calme et de diplomatie pour écouter les parents, même que souvent je m'impressionne moi-même, c'est dire! Mais là, non! Là je ne peux plus.
Et l'autre qui me menace "Non mais si ça continue je vais aller à la gendarmerie, ce n'est plus possible cette violence!". Mais bien sûr vas-y madame à la gendarmerie leur dire que son doigt il est presque cassé, ils ont que ça à faire à la gendarmerie de noter les presque cassages de doigts! En plus ils se rappelleront de vous, l'année dernière vous avez été signaler qu'un méchant méchant élève m'avait menacée avec un couteau donc ils avaient été obligés de m'appeler pour connaître le fin mot de l'histoire (qui était : gérage -- oui, oui, dans ce cas là on dit gérage et pas gestion, gestion c'est trop propre -- donc gérage de gros pétage de plomb d'un élève, mais de couteau nenni !!!)
"Ou bien je vais écrire une lettre à l'académie, parce que je commence à avoir un dossier médical conséquent!". Et bien écris-lui au directeur académique, et surtout n'oublie pas de lui dire que ta fille a dit à sa maîtresse d'anglais il y a 2 semaines qu'elle était triste parce que son père était mort!
Pourtant là devant moi ce matin, le père il avait bien des choses à dire pour un mort!
Punaise, heureusement les vacances arrivent parce que sinon j'en avais pour 3 semaines de cette histoire de doigt presque cassé. Déjà qu'on a fini la période précédente avec cette adorable enfant qui a baissé sa culotte devant les autres CM1 parce que "moi je suis cap" mais que "non, non, non, c'est pas vrai, c'est un complot, pas de ça chez nous, c'est bien la preuve que toute la classe la déteste et s'est organisée", d'ailleurs "depuis cette histoire, elle est devenue leur bouc émissaire".
Bon cette case est trop petite pour détailler toutes les fois où cette enfant a été prise en flagrant délit de mensonges... allez: "Parle, parle, parle à ma main, maint'nant, dégage !"
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