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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Ki ka le plus gros kiki?

Publié le 13 Octobre 2019 par KRo

Le jour de l'enterrement de Christine Renon, notre collègue directrice qui s'est suicidée dans son école parce qu'elle n'en pouvait plus, certains ont fait grève, d'autres, comme nous, étaient en noir, en signe de deuil. On avait fait coller un mot dans les cahiers de liaison des élèves pour expliquer aux parents le pourquoi de notre geste.

Les parents ont signé, quelques uns même ont mis un petit mot de soutien, mais figurez-vous qu'un père d'élève, fonctionnaire de son état, policier, donc conscient malheureusement que le travail peut pousser les fonctionnaires au suicide sans que ça ne dérange plus que ça dans les ministères, un pair donc, que bêtement nous aurions pu penser assurément solidaire, a ressenti le besoin de nous cracher à la gueule toute son animosité sur un peu plus d'une page de cahier de liaison.

Le gars était indigné dis donc! Quoi? On se plaignait des conditions de travail qui peuvent pousser une personne à se donner la mort alors que 50 policiers s'étaient déjà suicidés depuis le début de l'année, c'est une honte! Moi franchement, quand la collègue m'a montré ce mot, je me suis demandée s'il fallait en rire ou être choquée. "50 morts dites-vous? Mais monsieur, selon la police ou selon les syndicats?"

Je ne savais pas que dans ce genre de situation, il fallait qu'on compare, qu'on joue à celui qui pisse le plus loin. "D'après-vous, monsieur, à partir de combien de morts sur leur lieu de travail, a-t-on le droit de trouver cela inadmissible?"; "Est-ce qu'un fonctionnaire à temps partiel ou une directrice avec des jours de décharge compte comme un mort de trop ou bien un demi-mort?"; "Est-ce que, d'après vous, la mort permet de mieux encaisser la connerie des vivants?"

Le gars était rageur, pour nous punir d'avoir mis un tel message dans le cahier de liaison de son fils, il nous a menacé d'en mettre un lui aussi (vous n'avez pas intérêt à recommencer, sinon) la prochaine fois qu'un autre policier mettrait fin à ses jours! Je n'ai pas vérifié depuis s'il l'avait fait, vu qu'hélas je crois que les comptes se sont alourdis. 

Finalement, la collègue a proposé de répondre un "vu" (pas un vu classique non, un de ces vus efficaces et chargés de mille sens), qu'il se démerde avec.

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