Mardi matin tout en passant des consignes, j'ai jeté un coup d'œil circulaire sur ma classe, il y a :
Le gosse qui arrive d'Algérie et ne comprend pas tout, le pauvre. Et moi, vu que mon arabe se limite à peu près à chouïa, bezef, kif-kif, walou et zebda, je ne vais pas pouvoir faire grand chose sur ce plan là.
A côté, un gros bébé, tiens je ne serai pas étonnée qu'il porte encore des couches en CM2, lui.
Ensuite, Evan, dont le père concède en réunion qu'il est "chiant" mais ne comprend pas où il a pu apprendre tous les mots grossiers qu'il dit, comme par exemple : "Suce ma bite, c'est gratuit!" (C'est vrai que si c'était payant en plus, ça aurait été pire!)
Un autre gamin à côté, qui ne fait que commenter ce qui se passe et que j'ai, en même pas 2 jours de classe, déjà menacé d'aller visiter le couloir 3 fois.
Ah tiens derrière ces 2 là, deux garçons qui ont l'air sympa et encore derrière, 2 filles gentilles aussi mais en difficultés scolaires.
Ensuite on passe à un gamin pénible, une tête à claques, avec parents procéduriers, puis un bavard qui gesticule et un autre qui a l'air de s'en foutre mais bon, peut-être n'en a-t-il que l'air.
Devant eux, un garçon gentil mais à la masse et son voisin qui veut toujours répondre à tout sans forcément laisser de place aux autres et qui dessine sur son cahier pendant que je donne des consignes.
Ensuite il y a une gamine qui semble avoir mis les doigts dans la prise vu à quel point elle bouge tout le temps, une autre dont la mère est un fléau pour l'humanité tellement elle est bête et puis une petite qui a l'air si blasée ... elle semble au bout de sa vie la môme, l'adolescence va être une période enchanteresse pour ses parents je pense.
Tout devant, j'ai Jean qui lit son roman pendant que je parle et Noé qui vient ostensiblement de s'enfoncer deux bouchons dans les oreilles (à ce moment là de mon tour d'horizon, j'ai envie de me marrer mais je me dis qu'il faut faire preuve d'abnégation dans ce métier et savoir enterrer son égo sous les problèmes de comportement d'un enfant qui a des troubles autistiques, du moment qu'il finit par suivre mes consignes ...).
Mon regard continue sa course et se pose sur Chahynez qui un jour m'avait posé les 2 mains sur mes 2 seins pour me dire bonjour quand elle était en CE1.
Derrière elle, il y a une gamine timide mais à l'écoute et une autre très timide et très en difficulté.
Puis encore derrière, il y a une AVS sympa assise à côté de l'enfant qu'elle accompagne, Luc, qui ne peut s'empêcher de me serrer très fort contre lui dès que je suis à proximité. Quand il n'était pas dans ma classe, je ne le croisais que de temps à autres dans les couloirs, ça pouvait aller, mais là ça va devenir problématique. En plus, quand je lui fais remarquer que le câlin a été assez long à mon goût, il fait exprès de me serrer la taille encore plus fort, franchement ce n'est pas agréable, je ne sais pas si je ne suis pas en train d'essayer de faire classe à Emile Louis moi dis donc.
Ensuite, il y a Lola qui lorsqu'elle était en CE1, m'avait dit qu'elle avait "sucé la bite à son papa dans la douche". Bon, après enquête de gendarmerie, apparemment rien n'était vrai, mais autant vous dire que c'est la première fois que j'ai vraiment pleuré pour une élève.
A côté, il y a la sœur d'Anton dont j'ai déjà parlé de nombreuses fois et qui est enfin parti en 6ème mais dont les parents ont déjà pris soin de m'écrire pour me demander de changer l'organisation des récréations parce qu'elle ne convenait pas à leur descendance.
Et pour finir, 2 filles qui ont l'air sympa mais qu'il va falloir que je surveille parce que je sais que l'une des deux au moins a d'assez grosses difficultés scolaires.
Voilà, j'ai fait le tour, allez, en voiture Simone, PNC à vos portes, nous allons décoller pour une année scolaire. Mais qui vois-je arriver? J'allais l'oublier dis donc, en inclusion, en arrivée directe de l'ULIS, voici Aldo qui pour le moment ne semble pas me tenir rigueur d'avoir dû, en juin dernier le plaquer au sol (après qu'en pleine crise de colère, impossible à raisonner, il m'a donné un coup de pied) et dû plus ou moins m'asseoir sur lui pour l'immobiliser. C'est plutôt positif!
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