On a ouvert une ULIS cette année. Normalement on est censés y accueillir des enfants dont les possibilités intellectuelles handicapent leur scolarité, donc ils viennent à l'école normalement mais ils bénéficient d'une classe avec maximum 12 élèves en même temps et d'un programme d'apprentissage adapté. Et pour les disciplines qu'ils peuvent suivre à peu près normalement ils vont avec les élèves de leur niveau. C'est chouette non?!
C'est chouette oui mais bon ça c'est sur le papier, car dans la réalité, la moitié de l'effectif de cette ULIS relève bien de ce dispositif et les autres ont des handicaps qui vont du lourd au très très lourd. Mais alors que font-ils là ma bonne dame? Et bien c'est simple, il n'y a pas assez de places en institutions spécialisées, à l'hôpital de jour, à l'IME (Institut Médico-Educatif), pas assez d'argent mis par l'Etat pour en créer, je suppose. En revanche, comme l'Etat a décrété en 2005 que l'école devait accueillir tous les élèves même handicapés et bien on les case où on peut : dans les classes classiques avec un(e) AVS ou plutôt avec une notification donnant le droit à un accompagnement par un(e) AVS mais pas forcément avec la personne capable de faire le boulot ou alors, au bout d'un certain temps parce qu'on manque de place aussi, on les colle en ULIS.
Et là c'est l'horreur. On mélange des gamins en grosse difficultés scolaires qui certes peuvent avoir besoin d'un peu d'orthophonie ou de psychomotricité voire même d'un peu de psy avec des gamins qui ont besoin de soins médicaux et psychiatriques. J'ai mal au cœur pour eux. Les premiers doivent quand même avoir l'affreuse impression qu'on les a posés dans la poubelle jaune du recyclage, non loin de la poubelle. Et les autres sont en souffrance, ils doivent vraiment se demander pourquoi, mais pourquoi on ne les comprend pas, pourquoi on ne les aide pas comme il faut, pourquoi ils sont si mal.
L'enseignante, Coline, a l'air vraiment super, mais bon, c'est comme être enseignante dans l'hôpital de "Vol au dessus d'un nid de coucou", c'est hallucinant!
Moi l'autre jour, j'essayais d'en raisonner un qui tenait absolument à se taper le front sur la vitre, le mur, la porte ou avec son poing et autour de moi je me suis retrouvée avec Zoé qui faisait une sorte de crise nerf d'ado gueulant "Mais merde, mais arrête de faire ça quoi, putain!", Ronan qui nous matait avec un sourire en coin et un petit rire pervers, 2 ou 3 autres en cercle assez inquiets et Mélia qui est venue me scruter en avançant son visage à 5 cm de ma joue droite. Au secours! Franchement, on est ni formés ni équipés pour ça.
Enfin, petite cerise sur le sunday, vendredi j'avais un message de la conseillère pédagogique sur le répondeur qui nous disait que l'inspecteur avait bien pris en considération le cas de Yunus qu'il avait fait en sorte que cet enfant ait le plus vite possible une place dans un IME ou je ne sais où mais que "dans l'intervalle", il fallait qu'on arrête d'envoyer des mails ou d'appeler à ce sujet. J'étais sur le cul, tellement sur le cul que j'ai fait écouter le message à Coline et à la psy scolaire. Je trouve ça énorme. Le gosse a 8 ans, il ne parle pas mais pousse des cris, il mord, il fait des crises pour lesquelles il faut être 3 adultes pour le maîtriser mais comme l'inspecteur a fait des démarches, nous il va falloir qu'on subisse cela pendant 3 à 36 mois (c'est ça l'intervalle en vrai 3 à 36 mois, pas 1 ou 2 heures) mais en silence. Si on pouvait arrêter de se plaindre et ne pas les abreuver de comptes-rendus répétés relatant l'urgence de la situation ce serait quand même bien urbain!
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