Comment les gens peuvent-ils, à un moment dans leurs petites têtes soi-disant bien faites, penser que je vais être dans de bonnes dispositions pour les écouter se lamenter sur leur saloperie de nombril quand ils m'obligent à les écouter?
Ce matin, je sors dans la cour pour parler à une collègue, je la vois détaler, non pas pour m'éviter comme Mme Cédepé aime à le faire quand elle m'aperçoit, mais parce qu'une bonne petite baston vient d'éclater et qu'un gosse de CM1 est au sol. Je choppe 6 premiers protagonistes de la bande des Sharks (me gardant les Jets pour la deuxième couche), hop bureau, explications, mot dans les cahiers des 2 qui ont porté les coups histoire d'informer les parents que leur progéniture commence à nous les briser vu que ces 2 là, cette semaine, ce n'est pas la première fois qu'ils sont violents.
Vers 16h40, une collègue qui sortait me dit que la maman d'un des deux est au portail et veut me voir, je lui fais dire qu'elle prenne rendez-vous : 1) Je sors à l'instant d'un rendez-vous houleux avec le père de Nassim le roi de l'étron en pâte à modeler et j'ai bien cru qu'à un moment il allait coller une baffe à la maîtresse Mme Cédepé. 2) C'est bon, pour me dire que son chéri n'y est pour rien, y'a pas le feu au lac et on n'est pas obligé de faire ça sur mon temps personnel.
Vers 17h20, je ferme, le jeudi le cours de sport est tôt, il faut que je parte, je suis à la bourre, le téléphone sonne, je réponds, bêtement. La bonne femme est de nouveau là mais cette fois-ci avec son mari qui me dit : " On est devant le portail, on voudrait vous voir."
"Oui, je sais, votre femme est venue tout à l'heure et je lui ai fait dire de prendre rendez-vous."
"Non mais on n'a pas besoin de rendez-vous on pourrait en parler maintenant...
(Ben oui connard, on peut en parler quand tu en ressens le besoin, je n'ai pas de vie moi, je dors dans l'école, je vis dans l'école et quand on me sonne j'accoure. Toi t'as pas besoin de rendez-vous mais moi si, ça m'arrange. Tu saisis le concept de l'autre, the other, la personne qui appartient au pays en face de ton nombril, monde mystérieux et inexploré.)
... parce qu'on pense que ce n'est pas la peine qu'on se lance dans de grands échanges épistolaires non plus, ce sera plus simple comme ça, ...
(Ben non, si tu écris, ça te fait chier toi, si tu viens me parler maintenant, ça m'empêche de poursuivre le cours de mon existence, moi je vois bien la différence.)
... donc on voudrait vous voir, ça ne vous dérange pas?"
"Si ça me dérange justement, c'est ce que je vous dis, mais bon, je vous ouvre ... (parce que je suis obligée, de toutes les façons pour sortir il va falloir que je te passe devant et tu vas me faire chier sur le parking alors autant me faire chier dans mon bureau, on est au chaud)."
Je vais ouvrir. Je tends la main. Le gars me la tend en me disant : "On se serre la main ou pas?"
"Ecoutez monsieur, si là vous ne me serrez pas la main, vous pouvez ressortir tout de suite."
"Non mais c'est parce que vous n'aviez pas l'air très ..."
(Punaise mais qu'est-ce que tu ne comprends pas? Je n'ai pas envie de te parler maintenant, j'ai eu une journée de merde, je viens de te dire que j'étais en train de partir, tu me fais louper mon cours de sport, tu m'obliges à te parler sur mon temps perso puisqu'on est plus ni sur le temps scolaire ni sur un temps de rendez-vous pour lequel je suis payée en plus du temps scolaire, je te reçois donc gratuitement alors que j'ai beaucoup beaucoup mieux à faire et tu ne comprends pas pourquoi je n'ai pas envie d'être aimable. T'es con ou bien?)
Et voilà j'ai passé 15 minutes à les écouter me dire :
- qu'ils avaient l'impression que je stigmatisais leur fils et qu'il ne fallait pas faire ça,
- que y'avait pas que lui le matin pendant la bagarre,
- que l'autre du même groupe qui avait pris un mot, ils le connaissaient ça les étonnait vraiment qu'il ait pu donner un coup lui aussi,
- que y'avait un problème de surveillance dans la cour et que de toutes les façons comment je pouvais punir alors que je n'avais rien vu,
- que pour leur fils, pousser c'était comme donner un coup donc c'est pour ça qu'il avait avoué,
- que y'en avait d'autres dans le groupe qui avaient tapé mais qu'avaient rien dit et leur fils il ne l'avait pas dit non plus que c'était eux parce que c'est pas une balance,
- et que croyez bien qu'à la maison il est puni de tout à part de respirer et de manger, c'est vous dire s'ils font tout bien.
Ah clairement, ça valait le coup qu'ils me fassent chier ces deux là, vraiment madame vous avez eu raison de vouloir me forcer la main en revenant avec votre mari parce que je suis quelqu'un qui se laisse vraiment facilement impressionner par les maris d'une part et d'autre part, je n'avais jusque là eu que le plaisir de l'avoir par mot ou par téléphone interposés et c'est vrai que lorsque votre fils en CE1 avait traité sa maîtresse de "Sale pute" et que pour le punir il avait passé le restant de la semaine dans une autre classe avec son travail à faire, votre mari m'avait drôlement impressionné quand il m'avait appelé pour me dire que quand même c'était un peu excessif comme sanction parce qu' il allait louper le goûter de Noël avec sa classe. C'est vrai que j'avais bien mesuré qu'en terme éducatif le "Sale pute" ne faisait, pour vous, pas le poids face à 3 bonbons et 2 parts de gâteaux à 15h30 la veille des vacances.
Donc là, je vous ai bien écouté, vraiment là, j'étais dans le meilleur état d'esprit dans lequel vous pouviez me trouver pour me sortir toutes vos conneries, c'est tactiquement extrêmement bien joué de votre part, j'espère seulement que vous ne bossez pas dans la diplomatie ou sur un grand plan de réconciliation entre les peuples parce que sinon on n'est pas dans la merde, PARCE QUE VOUS ETES NULS!
Ça,ça ..., c'est ça qui m'a rendue dingue.
Le reste je m'en battais le coquillard avec une pelle à gâteau, de toutes les façons j'aurais été forcée de me taper leur conneries en rendez-vous mais le moment choisi, tant d’imbécillité et de narcissisme, ça m'a fait dégoupiller.
Non parce que pour le reste :
- il qu'à pas faire des conneries à répétition votre fils, comme bousculer la maîtresse en classe mardi dernier et se bagarrer le jeudi,
- qu'est-ce que ça peut vous foutre qu'il y en ait eu d'autres des gosses, violence en réunion ça vous parle ça ou pas comme circonstance aggravante, abrutis,
- l'autre qui a pris un mot, il a collé un coup de poing à un gosse la semaine dernière et il a écrit "Tu vas mourir" sur un papier à une gamine de ma classe en début de semaine, alors tu le connais, ok, mais je ne vois pas le rapport,
- ça c'est passé devant les yeux de la collègue de surveillance je vous dis, et moi personnellement je n'ai pas besoin de flagrant délit pour juger, je sais aussi mener mes petites enquêtes, confronter et entendre les témoins, faire la part des choses, c'est fou ce dont je suis capable, impressionnés non?
- votre fils, il a tapé, il a tapé un point c'est tout, c'est si compliqué de lui dire que ce n'est pas bien plutôt que de minimiser tout le temps ses conneries? Ah mais il me tarde l'adolescence parce que moi je sais que vous allez en chier grave et ce sera vraiment bien fait pour vos gueules,
- votre fils n'est pas une balance? "Mais on est où là madame, en prison?", faites attention, on ne sait jamais, il se peut que j'aie fabriqué une arme avec la petite cuillère dont je me sers pour manger mon yaourt,
- et si "le punir de tout" n'était pas la solution, et si aller voir un putain de psy se révélait être une vraie bonne idée qu'elle est bonne, vous n'avez pas remarqué que là vous n'arrivez à rien depuis déjà plusieurs années?
C'est pas moi qui le stigmatise votre fils, c'est vous qui l'élevez comme des abrutis! Ça vous fera 80 euros, et la maison n'accepte pas les chèques! Merde à la fin, merde!
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