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makarotte.com

Ecole, rire et râleries.

Violent, c'est trop violent

Publié le 20 Mars 2016 par KRo

Fallait que ça arrive un jour, c'est arrivé, je crois que je me suis fait grillée en flagrant délit de foutage de gueule ... je vous raconte :

Une mère d'élève est venue me voir à la sortie des classes pour me dire qu'elle souhaitait revenir sur ce qui avait été écrit dans le compte-rendu (relu puis signé par tous) de la réunion de l'équipe éducative concernant son fils, réunion faite quelques jours plus tôt. Mais elle voulait, non pas revenir sur un truc qu'elle avait dit elle, mais sur des propos tenus par la maîtresse. En somme, après plusieurs jours de réflexion (à croire qu'on lui avait vendu un aspirateur au porte à porte), madame voulait réviser le passé. "Service après-vente, bonjour."

Autant vous dire que déjà j'avais envie de me marrer parce que je ne vois pas comment on peut avoir une idée pareille. C'est drôle, non, d'imaginer qu'on va pouvoir tordre la réalité comme ça nous arrange et faire dire aux autres ce qui nous convient. Elle s'est pris pour une membre du Politburo. Donc, elle est venue me dire que j'avais noté que la maîtresse avait dit que son fils pouvait être violent et que ce n'était pas possible de laisser ce mot sur le compte-rendu :

- Oui, MON fils n'est pas violent, c'est trop fort comme mot.

- Euh ... quand il fait exprès de coincer la main de sa voisine entre leurs tables, en poussant sciemment la sienne d'un coup sec, c'est violent!

- Mais est-ce qu'elle l'a vu la maîtresse? Parce que MON fils, lui, il dit ...

Eh,eh,eh ... c'est bon ça non?

- Mais madame, c'est justement ce qu'on a dit en réunion (vous êtes narcoleptique ou quoi?), à chaque fois qu'on le gronde, même quand on le prend sur le fait, il nie, voire se met à pleurer.

Et là, elle repart :

- Oui mais violent quand même c'est trop fort. Les enfants il faut les féliciter, les encourager!

- Oui, on le fait aussi. Mais là on ne va pas l'encourager à se tenir mal, non plus.

- Parce qu'avec mon mari on trouve que c'est vraiment exagéré comme mot. Et puis j'en ai parlé à une psychomotricienne (une amie à elle) et elle trouve aussi que c'est fort.

Mais de quoi elle se mêle celle-là, c'est bon ça aussi, la caution de l'amie psychomotricienne. Non parce qu'à ce rythme là, moi je dois pouvoir trouver une amie prothésiste ongulaire qui dira le contraire.

- Ecoutez, je ne vous dis pas que votre fils est un psychopathe, mais bon, il peut être violent et taper les autres, notamment en récréation. Et c'est un problème.

- Oui mais c'est trop fort.

Punaise, j'étais en face de Didier Bourdon qui répétait en boucle non pas "Stéphanie de Monaco" mais "Oui mais là, violent, c'est trop fort.". J'ai bien compris qu'il fallait mettre fin à la conversation, j'ai rassemblé mes forces pour le faire tout en gardant le sourire.

- J'ai bien compris, j'ai bien compris... allez, par ici la sortie, et n'oubliez pas le guide!

- Parce que je suis venue le surveiller 4 fois en récréation et je ne l'ai jamais vu taper personne.

Oui, nous aussi on t'a vue venir couver ton fils. Et si tu étais honnête tu dirais que tu es venue plus de 4 fois et que même il est arrivé que quand même tu le vois taper un autre gosse. Mais bon, sans doute cela a-t-il été effacé de l'histoire, que dis-je, de la légende officielle de ton fils. Donc là tu es venue 4 fois dans la semaine, tu n'as donc pas de vie, et sur ces 4 fois 15 min, il n'a tapé personne. C'est beau, je me demande comment on n'a pas encore pensé à lui préparer une petite fête. Yououh! hissez la banderole!

Bon bref, j'ai essayé vainement de lui expliquer que sur les 300 élèves qu'on voyait passer chaque année, bien qu'il ne soit pas le pire, son fils n'avait pas quand même un comportement normal d'élève, mais bon elle ne m'a pas écoutée, toute entière à son leitmotiv : "trop fort, c'est trop fort". Du coup je ne lui ai pas rappelé que c'est son fils qui l'an dernier avait traité sa maîtresse de "Cochon de pute" (c'est bon ça ;p, d'ailleurs, avec les collègues cette insulte nous a bien fait 6 mois). Et ça, les insultes envers les enseignants, même chez nous ça n'arrive pas souvent (enfin si on met à part un gamin comme Manu intégré chez nous dans le cadre de son handicap). La dernière fois c'était il y a deux ans. Donc pas psychopathe le môme mais sociopathe peut-être ... eh, eh, eh ...

Un quart d'heure plus tard, je traversais le parking, désert, avec une collègue pour aller déplacer ma voiture qui gênait la sienne, j'en profitais pour lui raconter l'histoire, et nous voilà riant à gorges déployées devant l'absurdité de la situation de cette maman ne se demandant pas comment faire évoluer le comportement de son fils mais bien de comment faire pour ne pas que ça se sache. Je bouge ma caisse, je sors et là à quelques mètres, de l'autre côté de la rue, je vois et j'entends la maman dire à une autre : " ... et là, elle rigole!"

Et bien je crois que la copine de Stéphanie de Monaco a été brutalement confrontée à la réalité : Le lampadaire, c'était elle!

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