Hier un élève me tend son cahier de liaison en me disant qu'il a un mot parce qu'il ne sera pas là vendredi. Vu que jeudi c'est l’Ascension et qu'on ne sait que depuis peu qu'on ne fait pas le pont, je suis compréhensive ... mais là je lis le mot du papa et en fait je découvre que cet élève sera aussi absent toute la semaine suivante! Ah non là ce n'est plus un pont, c'est le viaduc de Millau. Enfin c'est plutôt le pont d'un paquebot géant en fait parce que c'est pour ça qu'il va manquer l'école, il part en croisière en famille.
Avec Mme Pamp, Rose de son prénom, qui a la petite sœur en classe, on est furax, on leur balance la lettre classique proposée par l'inspection avec rappel du règlement sur l'assiduité, rappel du nombre de semaines de vacances scolaires dispo pour aller dans l'année batifoler dans la piscine du splendide "Screw the cruise" avec ses gosses et notification qu'ils peuvent se brosser pour qu'on leur prépare du boulot à faire pendant leur absence.
Et ce matin, le père, champion de la mauvaise foi et ne pouvant sans doute pas juste faire profil bas, avait écrit un mot disant que l'absence de ses enfants entraient bien dans le cadre de celles dites légitimes puisqu'ils étaient obligés de suivre leurs parents qui partaient (sauf que ça c'est quand tu ne peux pas faire autrement, c'est pas vraiment quand tu planifies tes vacances. Je vois bien Patrick Juvet lui coller un couteau sous la gorge : "Maintenant tu prends des billets pour toute ta famille sur ma croisière, et t'oublies pas la grand-mère, elles m'adorent les grands-mères. Fais pas le con, tu demandes pas à des amis de les garder, tu prends bien tes gosses avec toi parce que sinon c'est Xavier Dupont de Ligonès qui va s'occuper d'eux!" ). Il avait ajouté qu'il nous demandait d'avoir l'amabilité (F#ck! ça va là, c'est assez aimable?) ou était-ce peut-être le professionnalisme (no comment) de faire passer du boulot aux gamins parce que bien entendu ils allaient bien travailler pendant ces 6 jours d'absence. Et surtout il a eu le bon goût de souligner que ce voyage avait un intérêt pédagogique puisqu'ils allaient visiter plein de lieux intéressants à propos desquels ses enfants pourraient ensuite échanger avec leurs classes.
C'est bon ça non? Mais bien sûr, quand ils reviendront de leur croisière ("Salut les pauvres!"), on perdra aussi du temps avec le restant des élèves pour parler de comment c'était bien le concert de Frédéric François sur le bateau pendant qu'eux faisaient des maths.
J'ai eu envie de répondre : "J'aime beaucoup votre humour." ou "Je vous propose de venir en famille une matinée dès votre retour pour nous présenter votre voyage, cela me paraît être une expérience qui s'inscrit parfaitement dans le programme et qu'il serait effectivement dommage de manquer. Souhaitez-vous que je fasse imprimer des programmes à votre effigie?"
Et au final, j'ai laissé tomber, j'ai râlé, j'ai dit au gamin que je n'en avais pas après lui qu'il ne fallait pas qu'il s'inquiète mais que des fois les parents faisaient n'importe quoi (Tu sais quoi, j'aime bien ta mère, elle est gentille, mais ton père est un connard! Désolée!)
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