Formation, 2 h en fin de journée, j'en attends beaucoup, on est censés parler de la gestion des élèves perturbateurs, ça me parle.
Ça commence bien, la formatrice passe déjà 5 min à expliquer qu'en fait ce n'est pas sa spécialité, qu'elle elle s'occupe plutôt des élèves en situation de handicap.
Ensuite elle nous demande d'écrire sur des feuilles des phrases qui donnent des exemples de comportements perturbateurs d'élèves. Bon. Puis elle nous dit que par groupe on va se concerter pour indiquer si on est d'accord ou non avec les affirmations qui nous seront redistribuées. Moi je trouve assez laid de donner son avis sur ce qui peut perturber un collègue en décidant si oui ou non il a bien raison d'être perturbé par cela. J'estime que même si ce collègue est un connard, si ça le perturbe dans sa classe, il serait plus efficace d'essayer de trouver une façon de régler le problème ou au moins de le gérer d'une façon qui lui convienne mieux plutôt que de signifier qu'on trouve ou non acceptable qu'il en soit perturbé, mais bon,la dame elle trouve que dire qu'on est ou pas d'accord ce n'est pas émettre un jugement. Ah! ben alors comment on ferait si on devait en émettre un? Je ne vois pas la différence mais je ferme ma gueule, ça y est c'est bon, je viens de comprendre qu'on apprendrait rien.
Après avoir fait notre petit classement, qui au final montre qu'on est en gros d'accord avec tous les exemples des collègues (on a bien fait de passer une demi-heure à se le dire, ça valait vraiment le coup), on passe encore un moment à le présenter aux autres groupes, ben oui, là encore, tellement intéressant, on ne va pas faire l'impasse sur ça.
Et ensuite, au moment où on se dit que peut-être on va enfin apprendre deux ou trois trucs à essayer pour tenter de faire face en cas de situation délicate, elle commence à nous expliquer que les gosses perturbateurs sont en fait en manque de confiance en eux, qu'ils se comportent ainsi pour essayer de s'affirmer et que c'est la seule façon qu'ils ont trouvé d'exprimer leur mal-être face à leurs difficultés! NAN! C'EST PAS VRAI, C'EST DINGUE! LA REVELATION! Dire que moi je croyais que les gosses en question ils étaient possédés! Mais alors il faut que je range mon crucifix et cesse de porter un collier en gousses d'ail! Punaise, déjà 1h20 de formation et c'est ça qu'on me dit, ben dis donc, j'ai bien fait d'insister pour avoir cette formation, suis ravie.
Voilà, voilà, et puis pour nous donner envie de revenir en deuxième semaine, elle nous a dit qu'il ne fallait pas demander aux élèves de respecter des règles qu'on ne respecte pas soi-même. Moi il me semble qu'il y a une différence entre donner l'exemple, ce qui me semble être effectivement une bonne chose, et considérer que nous devons être sur un pied d'égalité mais apparemment j'ai tort. Donc à présent, le jour où je décide au dernier moment de faire géographie plutôt qu'histoire de 14h à 15h, parce que ça m'arrange, ben faudra que je demande la permission aux élèves sans doute. Non parce que moi en classe, quand un gosse me dit qu'il a pas envie de faire un exercice, je lui réponds que je ne lui demande pas son avis, que c'est moi qui décide ce qu'il doit faire pendant cette séance en fonction des programmes établis voire même que s'il n'est pas content, il commence par faire les études qu'il faut, passer les concours, devenir inspecteur puis alors il viendra me dire si oui ou non il trouve que l'exercice que je lui demande de faire a ou non du sens. Mais si je comprends bien, cela est déplacé. Du coup, la prochaine fois que j'ai envie de foutre une baigne à un môme, ben je le ferai, et après avoir été forcée de m'excuser, je serai punie de récré ... Ah l'égalité ça ne fonctionne que dans un sens? En fait, y'a pas de statut qui tienne, les élèves sont les égaux des enseignants et les enseignants sont les égaux de ... ben de personne, ils ne doivent pas rendre des comptes qu'à leur hiérarchie, ils doivent en rendre aux parents, aux élèves, aux passants qui passent, à la crémière et à tout un tas de connards qu'on connaît même pas aussi sans doute. Ah c'est sûr je pense qu'on est bien partis pour se faire respecter des élèves perturbateurs, je crois que très clairement, c'est la bonne voie pour leur montrer que les règles s'appliquent à eux comme aux autres élèves et que c'est parce qu'ils seront capables de respecter ces règles qu'on les considérera mieux.
J'ai dû mal comprendre. Allez, bouge de là.
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